COVID-19: La sensibilité des tests diagnostiques pourrait être de 70%

La sensibilité et la spécificité des tests de diagnostic pour la COVID-19 ne sont pas entièrement connues, mais certains suggèrent que la sensibilité pourrait être de seulement 70%. Cela soulève des inquiétudes concernant un taux élevé de faux négatifs, ce qui pourrait conduire à davantage d'infections dans la communauté ou les milieux de soins, ou à un retard dans la recherche des contacts.La Dre Bonnie Henry, médecin hygiéniste de la Colombie-Britannique, a évoqué le taux de faux négatifs lors d'une conférence de presse le 13 avril dernier. «Les tests, malheureusement, ne sont pas forcément représentatifs. Les gens peuvent être négatifs à moment, puis devenir positifs dans l'heure qui suit», a-t-elle déclaré aux journalistes. «Le test lui-même n'est pas aussi sensible que nous le pensions au début. Nous savons maintenant que le taux de faux négatifs peut atteindre 30% au début de l'infection.»La sensibilité, ou la capacité d'un test à produire un résultat positif pour les vrais cas d'infection, dépend d'un certain nombre de facteurs, notamment la qualité de l'échantillon. Il n’y a pas de réponse sûre concernant la sensibilité et la spécificité des tests de diagnostic pour la COVID-19, car pour déterminer la précision d’un test, celui-ci doit être comparé à un test de référence absolue. Or, il n’en existe aucun pour la COVID-19.La sensibilité peut également varier en fonction du test PCR (réaction en chaîne par polymérase) utilisé, ajoute le Dr Jeffrey Pernica, chef de la division des maladies infectieuses pédiatriques à l'Université McMaster à Hamilton, en Ontario. «Les laboratoires utilisent des tests différents – certains ont plusieurs cibles moléculaires, d'autres non, et la sensibilité et la spécificité du test vont ainsi varier», explique-t-il dans un courriel à nos confrères du Medical Post.À lire aussi: Je suis anesthésiologiste et je n’irai pas en CHSLD. Voici pourquoi.La spécificité, ou la capacité de produire un résultat négatif pour les personnes non infectées, des tests est élevée, selon le Dr Matthew Cheng, spécialiste des maladies infectieuses au Centre universitaire de santé McGill, et l'auteur principal d'une revue sur les tests de diagnostic pour la COVID-19 parue dans Annals of Internal Medicine.À ce jour, Santé Canada a approuvé 13 trousses et essais pour détecter la présence du SRAS-CoV-2, le virus qui cause la COVID-19. Les tests utilisent la transcription inverse réaction en chaîne par polymérase (RT-PCR) pour détecter la présence de SARS-CoV-2 dans un échantillon. Tous, hormis deux, sont des tests effectués en laboratoire. Santé Canada a récemment approuvé un test au point de service élaboré par la compagnie Spartan Bioscience. Un deuxième test au point de service à utiliser avec l'appareil GeneXpert de Cepheid est également approuvé.ÉchantillonnageLa qualité du test dépend de l'échantillon prélevé. Comme le soulignent les auteurs d’un article paru dans mBIO, les taux de détection dans tout type d’échantillon peuvent varier d’un patient à l’autre mais peuvent également évoluer au cours de la maladie du patient.Les écouvillons nasopharyngés sont considérés comme de bons échantillons au début de la COVID-19. Ils contiennent une charge virale élevée de SARS-CoV-2, selon une lettre au rédacteur en chef parue dans le New England Journal of Medicine le 19 mars. Au fur et à mesure que la COVID-19 progresse, le lavage bronchoalvéolaire ou le crachat peuvent constituer de meilleurs échantillons qu'un écouvillon nasopharyngé, suggèrent les résultats d'un article du 11 mars publié dans le JAMA. «Les échantillons bronchoscopiques sont probablement meilleurs pour les cas graves, mais il s'agit d'une procédure invasive qui génère des aérosols, donc on n'y aura pas souvent recours», précise le Dr Pernica.La façon dont l'échantillon a été prélevé contribue également à la précision du test. Le prélèvement nasopharyngé est inconfortable pour le patient et certains prélèvements peuvent donc ne pas être effectués aussi bien que d'autres. Le type d'écouvillon utilisé peut aussi influer sur les résultats, note le Dr Pernica. "Les écouvillons floqués sont probablement les meilleurs ... mais comme les stocks d'écouvillon diminuent, d'autres types peuvent être utilisés", écrit-il.Des recherches sont en cours pour déterminer le meilleur type d'échantillon à prélever pour diagnostiquer avec précision la COVID-19. "Beaucoup de gens essaient – en ce moment même – de trouver la meilleure façon de tester le SRAS-CoV-2 (écouvillon nasopharyngé, crachats, salive, selles ou une combinaison de tout cela!)", écrit-il.Autres outils de diagnosticAvec la possibilité de faux négatifs, il peut être nécessaire de s'appuyer sur d'autres outils diagnostiques pour identifier un cas de COVID-19. Un article du 13 février paru dans Radiology, s'appuyant sur une cohorte de 51 patients en Chine, suggère qu'une tomodensitométrie thoracique pouvait être fiable à 98% dans la détection précoce de la COVID-19, comparativement à une sensibilité de 71% pour la RT-PCR. Les auteurs ajoutent qu'un scanner thoracique peut être utilisé pour diagnostiquer la COVID-19 en cas de résultat de test négatif, mais en présence de symptômes cliniques.Il y a aussi l'outil de diagnostic qu'est le jugement clinique. Pour un patient ayant été exposé à la COVID-19, ou qui présente des symptômes, un seul test négatif ne devrait pas exclure un diagnostic de COVID-19.À lire aussi: Après le confinement, devrait-on renvoyer d'abord au travail les plus jeunes?«Il existe en effet un risque de faux négatifs avec les tests RT-PCR actuels, c'est pourquoi le test peut être répété si la suspicion clinique de COVID-19 est élevée», dit le Dr Michael Cheng. Retester des cas de faux négatifs pourrait devenir courant si les tests devenaient plus largement disponibles, ajoute-t-il.Dans un document adressé aux professionnels de la santé, Abbott Molecular Inc., fabricant d'un test en temps réel pour le SRAS-CoV-2, note que la possibilité d'un résultat faussement négatif doit être envisagée «dans le contexte où un patient a été exposé récemment et qu'il présente des signes et symptômes cliniques compatibles avec la COVID-19». Pour Abbott, un résultat négatif «ne devrait pas être le seul fondement des décisions de traitement ou de prise en charge des patients».Patients asymptomatiquesLe Dr Cheng et ses collègues ne recommandent toutefois pas de tester les patients asymptomatiques, y compris les professionnels de la santé. Une position appuyée par les autorités en santé publique.«La norme est de ne pas tester les personnes sans symptômes, parce que nous savons que le test ne fonctionne pas si bien et qu'il peut nous donner des faux négatifs», a déclaré le Dr Henry aux journalistes lors de la conférence de presse du 13 avril.Tester des personnes asymptomatiques peut produire de véritables résultats positifs, mais il faut considérer que dans certains cas, la personne peut être pré-symptomatique, et non asymptomatique.SérologieIl n'est pas encore clair à quelle vitesse les patients atteints de la COVID-19 séroconvertissent ou développent des anticorps contre le SRAS-CoV-2. Une fois approuvés, les tests sérologiques seront utiles pour la recherche des contacts des personnes infectées, la surveillance de la maladie et l'identification de ceux qui l'ont déjà contractée.«Nous pensons que les tests sérologiques (tests pour les anticorps contre le SRAS-CoV-2) seront très importants pour comprendre la proportion de cas qui sont asymptomatiques», dit le Dr Cheng.La Dre Henry a mentionné que les tests sérologiques pourraient être disponibles dans les 10 jours. Jeudi, le Dr Horacio Arruda a aussi mentionné que le Québec devrait être en position de procéder à des enquêtes sérologiques dans les prochains jours. «Les tests sérologiques serviront à mieux comprendre la pandémie jusqu'à présent et comment nous pouvons l'utiliser pour soutenir nos mesures à l'avenir», affirme la Dre Henry.En attente de Santé CanadaLe premier ministre de l'Alberta, Jason Kenney, a déclaré que sa province pourrait commencer à utiliser des tests de diagnostic qui n'ont pas encore été approuvés par Santé Canada. Dans une interview accordée à l'émission d'affaires publiques Power & Politics à la chaîne anglaise de Radio-Canada lundi dernier, Kenney a déclaré qu'il n'attendrait pas que Santé Canada approuve les médicaments, les vaccins ou les tests pour la COVID-19 pour les utiliser dans sa province, si d'autres pays comme l'Australie, les États-Unis et l'Union européenne les ont approuvés.Le processus d'approbation de Santé Canada est le moyen le plus rapide et le plus efficace de garantir l'efficacité et la sécurité des médicaments et des dispositifs, a déclaré la Dre Theresa Tam, administratrice en chef de la santé publique au Canada.«Nous voulons garantir la sécurité et l'efficacité réelle de ces outils. Et je pense que la communauté de la santé comprend ça », a-t-elle déclaré à CBC.

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