Courrier des lecteurs - Euthanasie : où se situe la place du pharmacien?

Le Collège des médecins du Québec a récemment dévoilé sa position à la suite d’une profonde réflexion sur l’euthanasie médicale. Cette démarche, et surtout son sujet, constitue un moment important dans la pratique médicale et dans toute l’éthique des soins de santé au Québec. Cette simple réflexion est un signe des temps. Le sens de la vie et l’orientation propre des soins de santé sont au coeur de cette réflexion.D’une pratique essentiellement orientée vers le maintien de la vie à tout prix, se dessine une réflexion centrée non pas sur le maintien de la vie, mais sur le respect de la personne, de la personne traitée.En quoi ceci concerne-t-il les pharmaciens ? Les soins palliatifs sont au coeur de la pratique de certains pharmaciens, dont plusieurs pharmaciens d’hôpitaux. Le guide des soins palliatifs de l’APES est une valeur sûre et reconnue. Il témoigne de l’expertise pharmacothérapeutique et clinique des pharmaciens d’établissement en soins palliatifs. Il sert maintenant de référence à nos collègues médecins pratiquant en soins palliatifs.Si une ouverture est faite à une euthanasie encadrée, elle sera réalisée à l’aide de médicaments. Ces médicaments nécessitent une ordonnance et impliqueront les pharmaciens. Au-delà de l’acte de délivrer le médicament, le pharmacien est nécessairement un complice de l’acte de l’euthanasie. L’acte médical de prescrire les médicaments requis est indissociable de l’acte pharmaceutique de les servir. La décision médicale de pratiquer une euthanasie sera une décision difficile et lourde de conséquences. Le processus décisionnel sera probablement, et de façon souhaitable, partagé entre plusieurs professionnels et plusieurs personnes. Les pharmaciens impliqués en soins palliatifs sont déjà interpellés par les patients qui demandent une mort digne et une agonie abrégée. Plusieurs font partie de la discussion et du processus de décision qui actuellement prend fin dans le cul-de-sac des lois en vigueur. Les pharmaciens de pratique privée sont parfois impliqués, parfois à leur insu. Est-ce ce que l’on souhaite ? Que surviendra- t-il si notre société évolue vers une forme encadrée d’euthanasie ?Clairement, à l’instar du Collège des médecins, notre profession doit entreprendre sa propre réflexion dans le contexte de l’utilisation des médicaments en vue du respect de la personne malade, de nos responsabilités, compétences et implications comme professionnels de la santé, dans une approche éthique et morale évolutive.

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