Congrès de l'APES: L'autonomie, la spécialisation et les ratios au coeur des discussions

François Paradis, président de l'APES, Luc Mathieu, président de l'OIIQ, Mauril Gaudreault, président du CMQ, et Bertrand Bolduc, président de l'OPQ.Trois présidents d’ordres professionnels en santé ont échangé sur l’autonomie, la spécialisation et les ratios, vendredi matin, lors du congrès de l’Association des pharmaciens des établissements des soins de santé du Québec. Discussions entre Bertrand Bolduc, de l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ), le Dr Mauril Gaudreault, du Collège des médecins du Québec (CMQ), et Luc Mathieu, de l’Ordre des infirmières et des infirmiers du Québec (OIIQ).L’autonomiePour Bertrand Bolduc, l’autonomie ne signifie pas que le pharmacien doit tout faire seul: «L’autonomie veut dire offrir un choix plus large aux patients et travailler en équipe de façon plus efficace. Les patients veulent le meilleur service le plus rapidement, peu importe où ils sont. Ça prend des professionnels qui peuvent répondre à leurs besoins.» Il cite en exemple le Projet d’évaluation de la personnalisation des soins (PEPS), un modèle inédit d’organisation du travail, d'ailleurs récompensé par un Prix Profession Santé en 2018.Toutefois, selon lui, une autonomie accrue du pharmacien passe par des modifications législatives. «Il y a de nouveaux présidents d’ordre, une nouvelle ministre, une nouvelle façon de voir les choses au gouvernement. Il n’y a jamais eu autant de discussions sur la collaboration», observe le président de l’OPQ.Luc Mathieu partage l’enthousiasme de Bertrand Bolduc: «Il y a une belle opportunité de travailler ensemble actuellement. Nous savons que la ministre McCann est à notre écoute.» Il ajoute que les professionnels, pour bien desservir la population, doivent savoir quel «est leur carré de sable».De son côté, le Dr Mauril Gaudreault voit d’un bon œil le désir d'une plus grande autonomie des pharmaciens d’établissement. «Je suis d’accord avec le fait que diverses professions veulent élargir leur autonomie. Mais cela doit se faire dans le but de travailler ensemble.»«L’autonomie professionnelle ne doit pas mener à l’isolement et au travail en silo de chacune des professions», prévient le président du CMQ.La spécialisationLa reconnaissance de la spécialisation est un vieux débat, mais il reste d’actualité chez les pharmaciens d’établissement.«Qu’il y ait des pharmaciens spécialistes en établissement, ce n’est pas une question, c’est une évidence», s’est exclamé Bertrand Bolduc qui ajoute qu’avoir des professionnels spécialisés apporte une valeur ajoutée pour les patients.Selon lui, avec les modifications apportées au mode de rémunération des pharmaciens, il n’est pas fou de penser qu’un pharmacien spécialiste qui donne un avis à un pharmacien communautaire pourrait être rémunéré pour cela.Plusieurs embûches se dressent néanmoins devant les pharmaciens pour faire reconnaître leur spécialisation, dont l’Ordre des professions du Québec qui tarde à apporter des modifications aux règlements, indique le président de l’OPQ.Le Collège des médecins se range dans le camp des pharmaciens. «Je serais complètement d’accord avec le fait qu’il y ait des spécialistes pharmaciens, notamment dans les centres de deuxième et de troisième lignes. Accorder des responsabilités plus grandes aux pharmaciens représente un avantage pour le patient», a mentionné le Dr Gaudreault.Dans les dernières années, l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec a réussi à faire reconnaitre une spécialisation: celle des infirmières praticiennes spécialisées. « Ç’a été un travail de longue haleine. Nous nous sommes armés de patience et avons fait preuve de persévérance. Nous avons monté des dossiers et travaillé en partenariat avec le gouvernement et le Collège des médecins. Il n’y a pas de truc magique pour faire reconnaître une spécialisation», a témoigné Luc Mathieu.Dans le cas des IPS, cette spécialisation est venue améliorer la qualité des soins et favoriser l’accès.Les ratiosS’il est favorable aux ratios chez les pharmaciens d'établissement, Bertrand Bolduc croit qu’il faut tout d’abord définir l’offre minimale de soins. «Il faut commencer par savoir ce qu’on veut. Est-ce qu’il devrait y avoir un pharmacien dans toutes les urgences du Québec et pas juste de 8 h à 17 h? Peut-être», a-t-il souligné, déplorant que l’offre de services soit loin d’être uniforme dans toutes les régions du Québec.De son côté, le Dr Mauril Gaudreault estime qu’il faut être prudent lorsqu’il est question de chiffres. «Par exemple, j’ai de la difficulté avec l’idée d’imposer un nombre minimal de patients à un médecin de famille. Pour moi, la question est plus: comment le médecin peut-il devenir une ressource pour une population définie?»Si selon lui, le Collège des médecins a été plutôt frileux à se prononcer sur l’organisation des soins et services dans les dernières années, cela est sur le point de changer.Pour sa part, le président de l’OIIQ a mentionné que les ratios dans le domaine des soins infirmiers sont faits pour assurer une prestation minimale et sécuritaire des soins.« Les ratios ne doivent pas être pareils partout. Ils doivent changer selon les milieux et la clientèle », croit-il.

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