Comment récupérer quelques millions en santé sans supprimer de services ni augmenter les impôts

Je ne sais pas si un citoyen accepterait de présenter sa carte de crédit à tout instant, pour voter ou pour prendre un paquet à la poste... bref, pour s’identifier un peu partout. Pourtant, c'est cet usage-là qu’on fait de la carte d’assurance maladie, même dans les services gouvernementaux.Vous vous faites voler votre carte d’assurance maladie ? Vous la déclarez perdue pour en avoir une deuxième ? Pas de problème, pas d’enquête, on vous en imprime une autre avec exactement le même numéro.Résultat ? Le citoyen honnête perçoit comme tout à fait normal de prêter sa carte à un visiteur non québécois qui a besoin d’un petit service au sans rendez-vous, ou même pour un séjour à l’hôpital, une chirurgie... Pourquoi pas !Un jour, je me suis fait voler mon sac à main. Je l’ai retrouvé sans la monnaie ni la carte d’assurance maladie. Pas de problème, j’ai reçu une autre carte d’assurance maladie. Aucune enquête, pas même une petite question.Un jour, un collègue spécialiste m’a demandé de voir sa fille, qui venait d’un autre pays, en me présentant sa carte à lui. J’ai vu sa fille, mais j’ai refusé sa carte en lui faisant remarquer que présenter la carte d’assurance maladie d’un autre, c’est de la fraude. Ce n’est pas un geste banal. On parle ici d’une personne qui fait partie du système de santé, pas d’un citoyen bienveillant qui n’a pas réfléchi au sujet.Un jour, je suis allée m’acheter un ordinateur et on m’a demandé ma carte d’assurance maladie. Je ne suis pas malade et il n’y a pas ni médecin ni autre professionnel de la santé ici. On a insisté. Ça la prend ! Alors j’ai parlé au gérant en lui expliquant qu’il n’avait aucun droit d’exiger ma carte d’assurance maladie et que, s’il insistait, je partais et je faisais une plainte. Une plainte, mais à qui, SVP ?Un jour, à l’urgence du CLSC s’est présentée une toxicomane qui demandait un narcotique bien précis et totalement injustifié, pour calmer sa toux. Elle avait une carte d’assurance maladie ne lui appartenant pas. Le policier n’a fait aucun rapport. Il n’est pas illégal de demander un narcotique même pour une fausse raison. Et la carte ? La carte... Pas de drame pour si peu ! C’est une pauvre dame...Ma nièce de 16 ans s’est fait voler son sac à main contenant la carte que sa copine lui avait prêtée pour pouvoir être admise dans un bar. Sa copine a reçu sa nouvelle carte. L’auteur du vol a en main une carte d’une grande valeur. Pas de problème !Il est d’usage courant pour les moins de 18 ans d’emprunter la carte d’amis pour fréquenter les endroits interdits aux moins de 18 ans, et se procurer de l’alcool, du tabac et autre. La carte d’assurance maladie, notre belle carte « soleil » qui voit à notre santé ! Le tout étant perçu comme tout à fait normal. Est-ce qu’on confisque la carte ? Si quelqu’un confisque cette carte, qu’en fait-il ensuite ? Est-ce que la RAMQ a déjà reçu une carte confisquée à la suite d’un usage frauduleux ?Et qu’en est-il de la carte que l’on remet au directeur des funérailles avec la SP3 lors des décès ? Elle ne peut pas être réutilisée dans le réseau, mais comment s’assure-t-on de sa destruction ?Un jour, un immigrant a prêté sa carte à son frère jumeau, en visite au pays, pour qu’il se fasse opérer. Le jumeau est décédé. On imagine la suite pour celui qui a prêté sa carte et qui a été déclaré décédé : deux ans de procédures pour faire corriger « l’erreur », mais pas de conséquence relative au geste d’avoir « prêté » sa carte, et rien qui ne soit paru dans les journaux, ce qui aurait pu faire réfléchir les citoyens aux conséquences possibles du fait de « prêter » sa carte.Bref, « prêter sa carte » est perçu comme un geste banal, et très acceptable. La carte est perçue ici comme une carte d’identité et une carte permettant d’obtenir des services « gratuits »... GRATUITS ?!Personnellement, je ne prête pas ma carte de crédit et je ne l’utilise pas comme carte d’identité, et je n’en aurais pas si le système de cartes de crédit ne vérifiait pas l’identité de l’utilisateur et ne réagissait pas en cas de fraude. Bien non ! Je ne veux pas payer personnellement les factures des autres, payer pour l’usage frauduleux de ma carte de crédit.Et si l’ensemble des citoyens paient pour la fraude et l’usage illégal d’une carte qu’on paie collectivement, qui est tout sauf gratuite... Ce n’est pas grave ?Je soumets l’idée qu’on installe un système efficace de surveillance des cartes d’assurance maladie, qu’on remplace une carte déclarée perdue ou volée par une carte portant la mention « numéro 002 », et qu’on passe une loi qui impose le double des frais encourus et une amende à l’utilisateur d’une carte qui ne lui appartient pas, ET AU CITOYEN AU NOM DUQUEL LA CARTE EST ÉMISE, et on économise ainsi quelques millions de dollars le lendemain matin, rien que par le geste d’avoir fait passer une loi. Je pense, naïvement peut être, que la Cour ne serait pas inondée par le traitement de telles fraudes. Les citoyens cesseraient de « prêter » leurs cartes, en sachant qu’il y a une conséquence financière pour eux s’ils le font.Je soumets aussi l’idée que le gouvernement cesse en même temps de banaliser l’usage frauduleux de la carte d’assurance maladie en cessant de l’utiliser comme carte d’identité, et en interdisant qu’elle soit utilisée comme telle.On a certainement les moyens technologiques de vérifier l’authenticité des cartes d’assurance maladie au moment où on implante les DSQ !

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