Comment les pharmaciens peuvent-ils s'engager dans les élections fédérales?

Le 4 avril dernier, l’Association canadienne des pharmacies de quartier a organisé le webinaire «Advocacy in Action», pour discuter des stratégies pratiques sur la meilleure façon de s'engager dans les élections fédérales et les politiciens locaux. La discussion a porté sur la boîte à outils baptisée #Pharmacystrong 2025 Federal Election Member Toolkit (en anglais), un ensemble d'informations envoyées aux pharmaciens affiliés pour les aider à naviguer dans l'élection et déterminer leur rôle dans celle-ci. La boîte à outils contient de nombreuses priorités clés et des messages que les pharmaciens peuvent utiliser pour s'engager avec les décideurs, les candidats et les parties prenantes afin de défendre le secteur de la pharmacie. Le panel du webinaire s’est ouvert sur sur l'état d'avancement des campagnes en vue des prochaines élections fédérales avec la prise de parole de Katie Heelis, première vice-présidente de la société de communication Enterprise Canada. Cette dernière a expliqué l'évolution massive des sondages au cours du dernier mois – une évolution qui aura une incidence sur la stratégie de l'Association canadienne des pharmacies de quartier lorsqu’elle devra discuter des enjeux de la pharmacie avec les politiciens. Selon Katie Heelis, les principales problématiques électorales sont l'économie, l'accessibilité financière (en particulier à la lumière des menaces tarifaires) et les soins de santé en général. «Les soins de santé demeurent le troisième enjeu des Canadiens, mais leur importance a considérablement diminué et ils ne sont plus aussi prioritaires», affirme-t-elle. «Les Canadiens se concentrent incontestablement sur l'économie, la manière de gérer Donald Trump et l'accessibilité financière.»Katie Heelis a ensuite discuté avec Shelita Dattani, vice-présidente principale des affaires pharmaceutiques de l'Association canadienne des pharmacies de quartier, de la manière dont les tarifs douaniers pourraient affecter les pharmacies. Toutes deux se sont dites inquiètes de la façon dont les tarifs douaniers dominent l'ensemble des discussions électorales, d'autant plus que l'on ne peut pas dire grand-chose sur la façon dont la situation va évoluer. Katie Heelis a exhorté les participants à être stratégiques lorsqu'ils discutent des tarifs douaniers et à se concentrer sur la manière dont ils peuvent représenter une voix de confiance pour les politiciens et leur communauté sur cette question. «Les partis veulent parler à des personnes qui sont expertes en la matière, qui ont vécu d'autres défis et qui ont des solutions – c'est une bonne occasion d'avoir ces conversations.»À lire aussi: Tarifs douaniers: l’industrie pharmaceutique appelle le fédéral à soutenir les fabricantsLa première vice-présidente d’Enterprise Canada a ensuite précisé comment les pharmaciens pouvaient s'engager auprès des candidats politiques, en particulier lorsqu'il s'agit de défendre les intérêts des pharmacies dans ce climat économique incertain. En termes d'engagement, il s’agit selon elle de se concentrer sur deux points principaux. Tout d'abord, se soyez une personne à laquelle on peut s’identifier. «[Les candidats] – peu importe leur parti – essaient tous de prouver qu'ils ont les bonnes solutions pour le Canada, affirme Katie Heelis. Comment pouvez-vous vous inscrire dans cette démarche?» Second point: les pharmaciens devraient éduquer les candidats et les politiciens aux enjeux qui les concernent. «Soyez leur système de soutien au niveau local, soyez leur système d'alerte sur les problèmes d'accès et informez-les sur les solutions, les mesures de sécurité et les stratégies que le gouvernement peut ou doit mettre en place, a souligné Katie Heelis. Ce que nous cherchons vraiment à faire, c'est construire des ponts et des percées pour que, dans l'environnement post-électoral, les députés, les futurs ministres, connaissent la valeur des pharmacies et sachent comment ils peuvent aider.»L’experte a ensuite détaillé la manière dont les pharmaciens peuvent s'adresser aux candidats. Il s'agit notamment de «leur faciliter la tâche», c'est-à-dire organiser une réunion ou se rendre directement au bureau de campagne pour discuter. Lorsque les candidats viennent dans leur pharmacie, les pharmaciens doivent être prêts à aborder des questions qui leur tiennent à cœur. Le bénévolat pour les candidats locaux est également un moyen de passer une journée avec eux. «Je connais beaucoup de gens qui passent du temps à se focaliser sur la personne qui sera le futur ministre des finances ou le futur porte-parole du gouvernement, alors que le plus important est l'engagement local», a-t-elle confié. À lire aussi: Comment les pharmaciens peuvent sauver le système de santé canadienKatie Heelis a également abordé la question de l'engagement auprès des médias et des demandes d'interview de la part des journalistes, notamment en ce qui concerne l'accès aux produits pharmaceutiques à la lumière des tarifs douaniers, mais aussi pendant les élections. Ce conseil inclut le fait de rester non partisan afin de défendre efficacement les intérêts de la profession. «Nous pouvons parler des défis auxquels nous sommes confrontés, mais nous voulons éviter de soutenir tel ou tel parti et de faire des déclarations vraiment politiques, surtout lorsque nous ne savons pas avec qui nous allons travailler», a-t-elle observé.Il s'agit d'une bonne occasion de devenir des leaders d'opinion selon elle. Alors que les tarifs douaniers, les problèmes d'approvisionnement et l'instabilité des prix menacent les Canadiens comme les pharmacies, on ne peut sous-estimer le pouvoir qu'ont les pharmaciens pour intervenir et éduquer tout le monde sur ces questions et sur les solutions possibles. Mais ce pouvoir s'accompagne de responsabilités: il est de la plus haute importance de se tenir au courant des dernières actualités afin d'éviter la désinformation et d'effrayer le public. La population pourrait se ruer en panique sur les produits pharmaceutiques, une menace réelle dont les pharmacies doivent se méfier et contre laquelle elles doivent mettre en place des messages.Shelita Dattani a également rappelé aux participants du webinaire qu'ils devaient être actifs sur les médias sociaux et au sein de la communauté. «En tant que moteurs économiques et centres de soins, notre voix continue d'être entendue dans nos communautés», a-t-elle déclaré. «C'est important pour les candidats, et nous pouvons raconter cette histoire ensemble.»

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