Comment devenir un leader en pharmacie: le pouvoir des réseaux sociaux

J’ai décrit mon propre cheminement dans mon premier billet sur le leadership dans le milieu de la pharmacie. J’aimerais maintenant vous parler de la visibilité professionnelle et de la façon de défendre les intérêts des pharmaciens. J'écrirai en me référant à mon expérience et au chemin que j’ai emprunté. Il n’y a cependant pas de voie unique et la vôtre sera différente. Mais le partage reste la clé pour ouvrir des portes et permettre aux autres d’apprendre ce qui a fonctionné ou pas. Débroussailler ne serait-ce qu’une partie du chemin pour quelqu’un d’autre est le meilleur cadeau que je puisse faire à la profession qui m’a tant apportée. Voici mon histoire.En 2018 ou 2019, j’étais en voyage pour un congrès de pharmaciens quand une mesure qui allait (une fois de plus) affecter financièrement les pharmacies communautaires en Ontario a été annoncée. Pendant le trajet, j’ai créé un nouveau groupe Facebook appelé Ontario Independent Pharmacy Owners. Il est devenu une bouée de sauvetage, rassemblant des propriétaires indépendants de toute la province et de toutes les chaînes, pour nous permettre de discuter de ce qui nous préoccupe (opérations, coûts, pénuries, entre autres) et d’établir des liens à un niveau que peu de propriétaires et de dirigeants avaient atteint auparavant — on peut se sentir seul à gérer ses affaires dans un coin reculé de la province! Ce groupe a préparé le terrain pour ma première incursion dans le domaine de la défense de nos intérêts.Mon implication publique (représenter la profession dans le monde) a commencé pendant la pandémie de COVID-19. Comme tous les cabinets médicaux étaient fermés dans les premiers jours (avant l’avènement des rendez-vous virtuels), notre pharmacie est devenue la plaque tournante de l’information au niveau communautaire. J’ai passé plusieurs heures par jour à me renseigner sur le virus (vous vous souvenez des premières inquiétudes concernant la prise d’ibuprofène et la COVID?), à orienter des patients (nous avons envoyé une patiente brûlée au troisième degré aux urgences et appelé un médecin sur son cellulaire pour traiter une infection urinaire) et à essayer de trouver du matériel pour mon personnel, d’autres professionnels de la santé et nos patients.L’une des premières mesures mises en œuvre en Ontario a été la suppression des trois mois de validité des ordonnances. Cette mesure visait à protéger l’approvisionnement en médicaments contre le stockage et les pénuries (comme c’était le cas pour le papier hygiénique et les lingettes désinfectantes). Cela a également eu pour effet de tripler notre charge de travail sur les traitements chroniques, puisque nous devions désormais faire renouveler les mêmes médicaments trois fois plus souvent qu’auparavant.Un vendredi soir d’avril 2020, le gouvernement de l’Ontario a annoncé une mesure concernant le paiement de ces renouvellements plus fréquents: le patient paierait la quote-part sur le premier renouvellement, le gouvernement la paierait sur le deuxième renouvellement et la pharmacie sur le troisième renouvellement. Autrement dit, il y aurait eu un mois où nous aurions fait tout notre travail pour presque rien. Bien entendu, cette annonce est tombée un vendredi soir. Et au lieu de la période de commentaires habituelle de 30 jours, nous n’avons eu que jusqu’au dimanche soir pour nous exprimer. Le tollé n’a pas tardé à se faire entendre dans la profession. Nous étions les seuls professionnels de la santé ouverts à ce moment-là, comment pouvions-nous assumer l’intégralité du coût de la distribution? C’était la panique. À l’époque, je n’étais pas encore très active au sein de l’Association des pharmaciens de l’Ontario. Mais j’avais le groupe Facebook, qui était une véritable planche de salut pour nous tous, propriétaires exploitants, qui essayions de comprendre les choses alors qu’elles nous arrivaient aussi rapidement et férocement qu’un train de marchandises. J’ai rapidement rédigé ma réponse à la proposition initiale, puis je l’ai formatée de manière à ce qu’elle puisse être partagée par d’autres pharmaciens. Je l’ai ensuite diffusée dans le groupe Facebook. J’ai également appelé et envoyé des textos à tous les pharmaciens que je connaissais, leur demandant leur adresse électronique pour partager ma lettre afin qu’ils puissent également soumettre leur version. Ce fut une fin de semaine extrêmement fastidieuse, à une époque où je faisais des semaines de 100 heures et où j’avais deux jeunes enfants à la maison. Mais c’était nécessaire. J'ignore quel impact a vraiment eu notre soulèvement communautaire, mais je sais que la proposition n’a pas été mise en œuvre telle qu’elle avait été présentée et que cela a été une énorme victoire pour nous. C’est à partir de ce moment-là que j’ai pris goût à la défense de nos intérêts.À lire aussi: Comment devenir un leader en pharmaciePar la suite, je suis devenue plus active sur X, la plateforme anciennement connue sous le nom de Twitter. J’ai commencé à tweeter sur les épreuves et les tribulations des #CommunityPharmacy et j’ai trouvé un public. Les gens considèrent souvent la pharmacie communautaire comme un lieu de vente au détail et mon objectif était de la repositionner comme un point d’accès à la santé communautaire. Cela est devenu d’autant plus important que les pharmacies ont fait partie intégrante de la campagne de vaccination (mais, paradoxalement, elles n’ont pas été classées comme un lieu de soins de santé ayant droit aux premières doses de vaccins). X est depuis devenu un lieu plutôt toxique, mais il reste utile pour la défense des intérêts et le leadership. Le dicton dit que seuls 10% de la population générale est active sur X, mais que 90% des journalistes et des médias s’y trouvent. Si vous voulez faire passer un message, c’est encore un bon endroit pour le faire.Votre personnalité est un atoutD’autres médias sociaux peuvent également être utiles pour défendre les intérêts de la profession. J’ai vu un spécialiste souligner que les pages professionnelles sont utiles, mais que les pages personnelles attirent davantage les gens vers votre marque. Ainsi, la page Instagram de Kristen’s Pharmacy est utile, mais Kristen Watt Pharmacist obtient plus de visites (en autant que j'arrive à générer du contenu, une activité à part entière). LinkedIn est un autre réseau qui peut donner de bons résultats lorsque l’on se lance dans l’activisme professionnel. C’est là que vous trouverez un public de pairs — d’autres pharmaciens et professionnels de la santé. Je n’avais même pas de profil LinkedIn avant de me présenter au conseil d’administration de l’Association des pharmaciens de l’Ontario. J’en ai créé un parce que c’est là que se trouvaient le plus grand nombre de mes électeurs potentiels. J’ai vu d’autres personnes s’épanouir et se développer en publiant régulièrement sur LinkedIn et en raffinant leur message, qu’il porte sur l’accès, le financement, les compétences ou sur tout autre sujet.L’élaboration de votre discours vous aidera à faire entendre votre voix. Le fait est que le négatif fait vendre. J’obtiens beaucoup plus de visites, d’appréciations, de partages, etc. sur un article concernant les problèmes de distribution des vaccins que sur les victoires en matière d’accès. Mais nous ne voulons pas être négatifs en permanence. La positivité est si stimulante. C’est un équilibre difficile à trouver.Et puis, une fois que l’on a trouvé sa voix, que l’on s’est fait entendre, que l’on s'est inséré dans les cercles et les espaces où l’on peut vraiment être efficace, il faut parfois devenir plus silencieux. La défense des intérêts inclut des accords de confidentialité, des informations confidentielles et privilégiées. On doit travailler en arrière-plan, dans un bac à sable avec d’autres personnes qui ne sont pas toujours très gentilles, mais en ne perdant pas de vue son objectif. Si votre objectif est de vous faire entendre et reconnaître, le lobbying formel n’est pas fait pour vous. Si votre objectif est de provoquer un changement structurel, il vous sera utile de transformer votre voix publique en voix stratégique. Mon mari aime à souligner que si la roue qui grince mérite d’être graissée, le clou qui dépasse doit également être enfoncé. Il s’agit donc d’un équilibre entre le moment où il faut être bruyant et le moment où il faut être stratégique; un équilibre que je suis encore en train d'apprendre.La défense des intérêts de notre profession peut se faire de différentes manières, par différentes voix et avec différentes intentions. Ça, c'était mon parcours. J’aime observer les autres dans cet environnement: comprendre leurs motifs et observer la façon dont ils s'y prennent. Alors, restez actifs. La diversité de nos voix continuera à nous propulser vers l’avant.

Comment devenir un leader en pharmacie: le pouvoir des réseaux sociaux

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes