Collège des médecins de famille du Canada – Engagez-vous qu’ils disaient

En feuilletant les pages du dernier numéro du Médecin de famille canadien1, j’apprends qu’on était à la recherche de médecins pour être examinateur aux examens de certification. Examinateurs bénévoles!Eh bien, dis donc…En voyant cela, je me suis demandé si l’annonce allait attirer beaucoup de volontaires. Déjà que la plupart d’entre nous croulons sous les demandes, les responsabilités et les exigences de toutes sortes. Déjà que plusieurs passent leur temps libre à vérifier les résultats de laboratoire et d’imagerie de leurs patients en assurant le suivi, et à remplir la foutue paperasse, comment pourrons-nous trouver le temps d’ajouter encore à nos tâches. Ceux à l’acte seront peu enclins à accepter, considérant que leurs frais de bureaux continueront de courir et qu’ils ne recevront aucune rétribution. Quant aux médecins de famille, urgentologues, hospitaliers ou gérontologues, on sait bien que pour y être, ils devront échanger leurs gardes ou journées de travail, les obligeant ainsi à travailler davantage avant ou après, ce qui n’est guère attirant. Tout cela pour les beaux yeux du College of Family Physician of Canada.En réalité, j’ai bien peur qu’il y ait peu de volontaires. De fait, les seuls qui pourront être intéressés sont les rares plein temps géographiques universitaires, les enseignants des Unités de médecine familiale ou bien ceux payés à honoraires fixes ou à salaire, lesquels pourraient faire passer leur participation pour une activité inhérente à leur travail.Or, cela compromet la validité de l’examen. Car si les seuls examinateurs sont des académiciens, des salariés ou des retraités, on peut mettre en doute la validité du processus. Ces médecins ne sont pas nécessairement représentatifs de l’ensemble des médecins de famille du Canada. Ce sont des médecins qui exercent différemment, avec des visions, des compétences et des attentes spécifiques.C’est là un biais important. D’autant plus que pour être examinateur aux examens de certification, il faut être membre du CMFC. Or, au Québec, la majorité des médecins de famille délaissent l’organisme dès qu’ils ont réussi l’examen. On se retrouve donc avec un échantillon d’évaluateurs qui ne sont pas semblables à l’ensemble des omnipraticiens du Québec. Les examens ont beau être validés et standardisés, si ceux qui les font passer sont «différents» de ceux qui pratiquent, les résultats risquent d’être biaisés. C’est comme demander à la ligue du vieux poêle d’évaluer votre coup de patin. Ou à Éric Tabarly, le grand navigateur (je sais… il est disparu en mer) d’évaluer votre performance au trapèze.Pas sûr que ce soit une bonne idée. Mais ce qui est plus tordu dans cette affaire est d’offrir des crédits Mainpro+. Et pas n’importe lesquels. Des crédits certifiés. Ceux parmi les plus recherchés.Ah bon!Il me semblait que pour qu’une activité de DPC soit reconnue et accréditée, il fallait qu’elle réponde à des besoins, ressentis ou démontrés, et qu'elle soit dotée d’objectifs d’apprentissage, mesurables et atteignables.Ce qui n’est certainement pas le cas ici. En quoi apprendre un script (rôle standardisé) pour les Examens médicaux simulés (EMS), rôle répété et répété ad nauseam par les examinateurs pendant les deux jours d’examen correspond-il à des besoins, ressentis ou démontrés, ou à des objectifs d’apprentissage? Cela ne tient pas la route. Les seuls besoins prévalents ici sont de venir en aide au CFPC, et ce, bénévolement.Évidemment, il est possible que toute cette affaire ne soit le résultat que d’une erreur de traduction et que, essentiellement, le Collège ait voulu recruter des volontaires pour les examens, mais que le mot «volunteers», plutôt qu’être traduit par «volontaires», soit devenu «bénévoles». Si tel est le cas, voilà une autre bonne raison d’exiger une filiale du Collège des Médecins de famille du Canada au Québec, plutôt qu’un seul «Head office in Mississauga». Pas une simple section provinciale québécoise, noyée parmi toutes les autres entités provinciales et territoriales comme c’est actuellement le cas. Un bureau doté des mêmes devoirs et responsabilités. Cela devrait régler les problèmes de traduction (ce n’est pas la première dont on se plaint), mais aussi ceux de gouvernance (puisque la grande majorité des officiers et des employés sont unilingues anglophones). De cette manière, il est probable qu’un plus grand nombre de médecins de famille québécois francophones demeureront membres du CMFC plutôt que de quitter comme ils le font actuellement.Le College of Canadian Family Physicians devrait réfléchir à cette option.Référence:1. Médecin de famille canadien, janvier 2025, page 9 (version papier).

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