Cité-de-la-Santé: 10 lits pour raccourcir les listes d’attente en chirurgie

On n’est jamais si bien servi que par soi-même. C’est un peu la philosophie qui a conduit à la naissance de cette nouvelle unité au printemps dernier. Réservée à la clientèle en postopératoire de courte durée, le UHB est constitué de 10 lits dédiés, dispose de sa propre équipe soignante et il est géré de manière indépendante du reste de l’hôpital pour s’affranchir des ruptures de service. «Le gros avantage de l’unité, c’est de faire rouler les salles d’opération en réduisant les annulations de chirurgie. Depuis avril, on n’en a eu aucune alors qu’avant, on en avait toutes les semaines», signale la directrice adjointe aux opérations des services professionnels de la Cité-de-la-Santé, France Massé. Entre le 4 avril et le 10 septembre, 647 patients sont ainsi passés par le UHB pour récupérer après toutes sortes de chirurgies — néphrectomie par laparoscopie, exérèse de kyste, thyroïdectomie, angioplastie, etc. Cela représente un peu plus de 10% du total des opérations (5664) effectuées durant ces quatre mois dans les différents établissements de Laval, selon les tableaux de bord du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS). Ces patients-là ont été évalués au préalable, car «ne sont admises au UHB que les personnes dont l’hospitalisation postopératoire ne dépassera pas 48 heures, qui sont en bonne santé et n’ont pas de comorbidités», indique le chef du service de la chirurgie, le Dr Patrick Montpetit. Des cas simples, donc, qui présentent un faible risque de complications. «Si le roulement n’est pas bon, on va saturer les blocs opératoires», précise le médecin. D’autres critères de sélection sont reliés à la configuration de cette unité. Les 10 lits étant disposés dans une aire ouverte, les patients qui font de l’apnée du sommeil ne peuvent y être accueillis pour éviter qu’ils dérangent les autres durant la nuit. Idem pour ceux qui ont de la difficulté à se déplacer ou ont besoin d’équipements spécialisés, comme un porto-lift. «L’objectif principal, c’est d’augmenter de façon significative la production chirurgicale en mettant le bon patient au bon endroit dans le respect des critères qu’on a établis», résume la cheffe des services périopératoires et du UHB de la Cité-de-la Santé, Pauline Arnaud. La finalité étant bien sûr de réduire les listes d’attente en chirurgie, sur lesquelles figuraient, en date du 10 septembre 2022, 3643 personnes à Laval, dont 18% depuis plus de six mois. Un projet initié au plus fort de la pandémie À l’origine, ce projet lancé au début de l’année 2021 visait en premier lieu à relancer les activités chirurgicales qui avaient été suspendues en raison du chaos provoqué par les premières vagues de la COVID-19. «Au pic de la pandémie, on avait perdu quelque 200 lits d’hospitalisation. Notre personnel infirmier spécialisé était également délesté dans d’autres unités, alors qu’on avait besoin de leur expertise pour rouvrir les blocs», se souvient France Massé. Pendant ce temps-là, les listes d’attente grossissaient. Pour trouver des solutions, les chefs de département en anesthésiologie, chirurgie et gynécologie, ainsi que les gestionnaires de la direction des services professionnels et des services périopératoires, se sont mis autour de la table à dessin. «Le UHB est né grâce à un formidable travail d’équipe», tient à souligner Pauline Arnaud, en rappelant les buts de cette collaboration inédite: maintenir l’autonomie du secteur de la chirurgie pour prodiguer des soins essentiels aux usagers; être polyvalents quant aux plateaux techniques; et offrir une expérience positive à la clientèle. Après analyse des données de l’hôpital, «on s’est rendu compte qu’au CDJ, on pouvait opérer autant de patients avec 22 lits qu’avec 32, tout en faisant de la place pour les patients dont le temps de rétablissement est un peu plus long», mentionne le Dr Montpetit. Ces 10 lits retranchés du CDJ au profit du UHB ont été remplacés par des fauteuils et l’organisation des arrivées des patients en ambulatoire a été revue. «Avant, ils arrivaient tous à 7h. Désormais leurs admissions sont échelonnées dans la matinée», explique le chirurgien en relevant que cette réorganisation des processus de travail en CDJ n’a pas réduit sa productivité. En autonomie Situé dans les locaux du CDJ, le UHB est ouvert du lundi matin au samedi après-midi. Ses 10 lits dédiés sont supervisés par une équipe composée d’une dizaine d’infirmières spécialisées en chirurgie, de deux préposés aux bénéficiaires et d’une agente administrative. «Ces civières et ces personnels sont directement gérés par nous, alors qu’ailleurs, ils dépendent de la direction des services infirmiers», souligne France Massé. «On a ainsi pu développer une forme d’autosuffisance pour ne plus dépendre des aléas des autres unités.» Outre la possibilité d’opérer leurs patients dans de meilleurs délais, les chirurgiens apprécient tout particulièrement la proximité entre les salles d’opération et le UHB. «Si un patient a un problème, ou si l’on doit donner un congé rapidement, on n’a pas à courir à l’autre bout de l’hôpital», observe le Dr Montpetit. La création du UHB a nécessité un investissement de 1,7 million de dollars, financés à même le budget de l’hôpital. «La direction de l’établissement nous a soutenus. On a pu partir le projet sans attendre les financements du MSSS, car il y avait une certaine urgence», indique Pauline Arnaud en mentionnant qu’une demande de fonds sera envoyée prochainement au ministère. «On a agrandi par l’intérieur, sans béton ni mur, juste en réaménageant à moindre coût le CDJ», se réjouit quant à lui le Dr Montpetit. «La nécessité est mère de l’invention», ajoute-t-il. «On avait besoin de lits et de personnel qualifié pour pouvoir continuer à opérer. Avec le UHB, on s’assure de pouvoir le faire.» Sollicité par ProfessionSanté.ca, le MSSS voit dans le UHB de la Cité-de-la-Santé une «très bonne initiative pour les établissements de santé qui ont atteint leur capacité maximale en lits. Ceci permet alors d’offrir une surcapacité, lorsque les ressources humaines le permettent», commente une des porte-parole du ministère, Marie-Hélène Émond. Ceci dit, «la grande majorité des établissements n’utilise actuellement pas le parc de lit disponible par manque de personnel. Il faudra dans un premier temps ouvrir les lits fermés», précise la relationniste.

Cité-de-la-Santé: 10 lits pour raccourcir les listes d’attente en chirurgie

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes