Chronique La parole est à vous – À quoi ressemble votre été? Prendre des vacances relève-t-il du défi dans votre milieu de travail?

Cette tribune vous donne l’occasion de lire le point de vue de pharmaciens et de pharmaciennes de tous les coins du Québec sur une variété de sujets d’intérêt pour la profession. Au hasard des rencontres téléphoniques, voici leurs réponses.« Je suis pharmacienne remplaçante, donc l’été est une saison très occupée pour moi. Je prendrai mes vacances plutôt cet automne. L’été est la saison la plus remplie pour les remplacements. Les offres dépassent largement mes disponibilités. Elles viennent de partout au Québec. Il m’a fallu faire des choix. J’ai accepté des remplacements loin de chez moi parce que je trouve que le travail est plus intéressant en région. J’habite à Québec, mais je vais aller faire des remplacements en Gaspésie et en Estrie. J’ai quand même réussi à me préserver deux périodes de cinq jours de congé durant l’été. »Mélanie BlanchettePharmacienne remplaçante« Je prends seulement quelques jours de congé au mois de juillet à défaut de pouvoir être remplacé.Il faut tenir compte de la disponibilité des autres pharmaciens. L’été, il faut que quelqu’un se sacrifie et c’est souvent le pharmacien propriétaire qui écope. Pour moi, les vacances sont donc reportées à l’automne. La pénurie nous oblige à regarder les autres partir en vacances et à attendre l’automne pour pouvoir partir à notre tour. Il y a, malgré tout, des avantages à partir à l’automne car il y a moins de monde et les prix sont moins élevés. Il faut voir le côté positif de cette situation. Bien sûr, ce n’est pas un choix. J’aurais préféré prendre mes vacances pendant l’été. Mais les circonstances ne nous laissent pas la possibilité de faire autrement. Comme tout le monde, nous aimerions profiter de la belle saison.Malheureusement, ce n’est pas toujours possible. Je suis pharmacien propriétaire depuis une vingtaine d’années. Il m’est déjà arrivé de prendre des vacances pendant l’été, mais cela a toujours été difficile. Chose certaine, la situation ne s’est pas améliorée. »Michel NadeauPharmacien propriétaireLaprairie« Une semaine, c’est tout ce que j’ai pu prendre car il est difficile de trouver des remplaçants. On donne toujours la priorité à nos employés et on prend ce qui reste. Pour moi, il est plus facile de prendre des vacances l’hiver quand il y a moins de demandes de congés de la part des employés, même si je préférerais les prendre pendant l’été. Je trouve toutefois la situation moins difficile que l’an dernier car j’ai changé de région. L’an dernier, j’étais dans lesLaurentides et la pénurie de pharmaciens est plus importante là-bas. Depuis que je suis à Québec, je trouve qu’il est plus facile de prendre des vacances. »Jean-François BoulangerPharmacien propriétaireQuébec« Prendre des vacances cet été relève du défi ! Nous avons deux pharmaciennes en congé de maternité et je vais donc me limiter à une semaine de congé. Mais je ne peux pas me plaindre car les autres années, j’ai toujours pris deux semaines. C’est donc la première fois que cela arrive. Cette année, malgré le contexte un peu plus difficile, j’ai réussi à me préserver ces quelques jours, car mon fils termine ses études en pharmacie et va commencer à travailler au mois de juillet. Évidemment, nous avons quand même des effectifs réduits, car il est difficile de remplacer une pharmacienne pendant un an. Actuellement, nous sommes trois pharmaciens au lieu de cinq. Nous faisons donc affaire avec des firmes de dépannage. Heureusement, il y a un peu moins d’achalandage pendant l’été. »Nathalie BelleyPharmacienne propriétaireChicoutimi« Pour prendre des vacances, nous faisons affaire avec des agences mais nous sommes à plus de 50 % de manque d’effectif. Même si j’ai besoin d’une seule journée de congé, il faut que je fasse la demande deux à trois mois à l’avance.Je dois donc planifier mes vacances au moins deux mois à l’avance pour m’assurer que quelqu’un viendra me remplacer. Je ne peux pas m’absenter du travail à quelques jours d’avis pour un rendez-vous dentaire, par exemple, parce que je n’aurai personne pour me remplacer. Je n’ose même pas imaginer la situation si je tombais malade. Tous mes congés doivent être planifiés. Nous devrions être cinq en poste et nous sommes deux. Je vais quand même réussir à prendre des vacances cet été parce que je les ai demandées au mois de mars. Mais nous n’avons pas encore trouvé de remplaçant pour la clinique d’anticoagulothérapie. Il n’y en n’aura peut-être pas pendant les deux semaines où je serai partie. La situation crée beaucoup de stress pour la pharmacienne-chef. Nous avons subi des départs à la retraite et des congés de maternité qui ont aggravé la situation ces dernières années. Dans un tel contexte, prendre des vacances relève vraiment du défi ! »Judith BoucherPharmacienne d’établissementLaSalle« Il est effectivement difficile de prendre des vacances. Nous devons restreindre le nombre de semaines de congé que nous désirons prendre pendant l’été pour que tout le monde puisse y avoir droit. Depuis plusieurs années, nous devons nous limiter à deux semaines de vacances l’été. Nous sommes en pénurie sévère d’effectifs depuis cinq ans. Nous sommes six pharmaciens, dont deux à temps partiel, et nous devrions être neuf. Tout le monde doit donc restreindre sa demande pour les vacances. Personnellement, j’aurais aimé en prendre plus. L’hiver, nous n’avons pas le même problème. Évidemment, les gens qui ont des enfants veulent prendre leurs vacances pendant l’été pour être avec leur famille. »Sophie GoneauPharmacienne d’établissementSalaberry-de-Valleyfield

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