«C’est possible d’être une bonne maman et une bonne médecin»

Urgentologue à l’Hôtel-Dieu de Lévis et directrice médicale nationale du préhospitalier au ministère de la Santé et des Services sociaux, la Dre Elyse Berger Pelletier est la lauréate 2022 du prix de la relève Marthe-Pelland, décerné par la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ). Lors de la cérémonie de remise de son trophée, organisée le 8 mars pour souligner la Journée internationale des droits des femmes, elle a tenu à remercier ses collègues, qui ont soutenu sa candidature, son conjoint ainsi que ses trois enfants «qui se demandent pourquoi maman travaille autant». Cette question, la gestionnaire clinicienne y répond avec assurance: «Je suis convaincue que c’est en s’impliquant dans la communauté que l’on peut améliorer le sort des autres». Elle constate cependant que nombre de ses collègues, dans son entourage ou sur les groupes Facebook de mamans médecins, sont moins à l’aise d’y répondre. «Il y a comme une culpabilité perpétuelle qui vient avec les ovaires. Il faut apprendre à tempérer, à accepter ses choix et à admettre qu’on ne peut pas être parfaite», considère la jeune médecin en estimant que ces dispositions mentales devraient être enseignées dans les facultés de médecine. Sa consœur récipiendaire cette année du prix expérience Irma-Levasseur de la FMSQ, la Dre Andrée Boucher, constate que la situation a bien changé depuis le début de sa carrière, il y a presque 40 ans. «À mon époque, le congé parental n’existait pas», indique par exemple l’endocrinologue qui se souvient d’avoir fait grève en 1988 pour que les résidentes aient un congé de maternité. Entre sa pratique, ses activités de recherche, son implication dans l’enseignement médical, la spécialiste du cancer de la thyroïde a toujours été «extrêmement occupée» sans parvenir à maîtriser la compétence de la conciliation travail-famille. Avec quatre enfants et un conjoint également endocrinologue, «ça a été tout un défi», convient-elle. «Mais dans la vie, il y a des choix à faire et des compromis à trouver en conséquence.» Interpellée par les propos de son aînée, la Dre Berger Pelletier souligne que si ses prédécesseures devaient choisir entre leur carrière ou leur famille, «maintenant, on est capables d’avoir les deux», affirme-t-elle. L’autre différence, enchaîne la Dre Boucher, «c’est qu’on n’avait pas de modèles de rôle pour nous montrer la voie». Un mandat que sa benjamine assume bien volontiers. «Être une leader féminine, c’est montrer l’exemple à mes collègues», explique l’urgentologue qui veut «leur expliquer que c’est possible d’être une bonne maman, une bonne médecin et une bonne gestionnaire, même si ça ne sera jamais parfait». Les postes de gestion échappent encore aux femmes Si les choses ont globalement évolué dans le bon sens pour favoriser l’implication des femmes médecins au sein du réseau de la santé, il demeure que les hommes sont encore surreprésentés dans les conseils d’administration des hôpitaux ou les directions des facultés de médecine, observe la Dre Boucher. «C’est évident qu’en organisant les CA les fins de journée ou les soirs, on ne favorise pas la présence féminine», regrette l’endocrinologue. En la matière, la Dre Berger Pelletier espère que la pandémie aura un effet bénéfique. «Les meetings à distance, ça fonctionne bien et c’est facilitant pour les femmes», observe celle qui peut assister à une rencontre du ministère de la Santé tout en préparant le souper ou en s’occupant des devoirs de ses trois enfants. «Le mode hybride [télétravail et présentiel], c’est un bon moyen de trouver notre équilibre.»

«C’est possible d’être une bonne maman et une bonne médecin»

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