«C’est le temps pour le Québec d’avoir une politique pharmaceutique» - Québec solidaire

Les temps sont mûrs pour que le Québec se dote d’une nouvelle politique pharmaceutique, affirme Québec solidaire. Tout milite pour un changement, selon le parti: le coût exorbitant des médicaments, surtout des nouvelles molécules, les disparités dans la couverture d’assurance et la crise des finances publiques.Cette nouvelle politique devra reposer sur deux piliers, précise à ProfessionSanté.ca Gaëlle Fedida, Ph D., analyste pour le député de Mercier, Amir Khadir, de Québec solidaire:• la création d’un régime général d’assurance-médicaments, public et universel;• la création d’un pôle d’achats groupés, de recherche et de production de médicaments (Pharma-Québec, une nouvelle société publique).Trop chers, les médicamentsToutes les études, les unes après les autres, démontrent que le Québec paie trop cher ses médicaments, poursuit Gaëlle Fedida. «Même le gouvernement Couillard commence à se ranger à l’idée qu’il faut agir à ce chapitre. Il parle, entre autres, de négocier les prix de façon plus serrée avec l’industrie.»L’avènement d’un régime d’assurance-médicaments public et universel ferait économiser tout près d’un milliard $ au Trésor québécois, selon Québec solidaire. De nouvelles mesures sur les mécanismes d’approvisionnement feraient par ailleurs épargner 2,3 milliards $ aux Québécois.Et voici ces mesures, selon Gaëlle Fedida:•fixer un prix de référence pour les médicaments brevetés qui ne soit pas artificiellement gonflé et aligné sur celui des sept pays où on les paie le plus cher. «Et pour changer cette règle, pour que le Québec dresse lui-même sa propre liste de comparateurs internationaux, une simple décision politique suffit»;• faire le ménage dans la Liste de la RAMQ. Elle compte plus de 7 000 produits (en Nouvelle-Zélande par exemple, l’État n’en rembourse que 2500);• donner à l’INESSS un pouvoir décisionnel, à partir d’une grille d’analyse coût/efficacité, et pas seulement efficacité contre placebo;• mettre de l'avant l'efficacité médicale réelle − donc que le produit apporte une véritable innovation thérapeutique − et non pas tabler sur sa seule disponibilité commerciale.R & D en déclinLe coût d’achat des médicaments ne constitue cependant pas le seul problème lié à la politique pharmaceutique actuelle. Les investissements de R&D de l’industrie pharmaceutique sont en déclin, indique Québec solidaire, et ce, «en dépit des généreux incitatifs consentis par le gouvernement en crédits d’impôts ou en politique de prix maintenus élevés».Par ailleurs, l’industrie investit deux ou trois fois plus en marketing qu’en R & D, et cette aide publique à l’industrie privée serait mieux utilisée si elle demeurait sous contrôle public, affirme Québec solidaire. Pharma-Québec investirait 5% de son budget en recherche et développement. «En soustrayant les coûts du marketing ou l’obligation de verser rapidement des dividendes aux actionnaires, la recherche pharmaceutique publique peut offrir une efficacité nettement supérieure au secteur privé», précise Gaëlle Fedida. Elle rappelle qu’en 2010, pour chaque dollar de R&D généré par le secteur pharmaceutique privé, Québec a apporté une aide de 1,81 $ à 6,76 $. «Cette politique tout à l’avantage de l’industrie pharmaceutique n’a plus sa raison d’être.»Climat politique propiceQuébec solidaire compte profiter du climat politique à l’automne pour promouvoir son projet de politique pharmaceutique. Le parti travaille activement par ailleurs avec l’Union des consommateurs, qui prône l’instauration d’un régime entièrement public d’assurance-médicaments.Gaëlle Fedida rappelle que Québec dépense 7,5 milliards $ en médicaments d’ordonnance (2012), l’État assumant près de la moitié de la facture. Or, depuis 30 ans, leur coût et leur consommation augmentent de façon incontrôlée en raison de politiques complaisantes, dit-elle. «Le Québec est à cet égard l’un des pays industrialisés où la situation est la pire. Le Canada est aussi le seul pays industrialisé avec un système universel de soins de santé qui ne comprend pas aussi une couverture de médicaments.»Ouverture du ministre BarretteLe Dr Amir Khadir a présenté en février dernier à l’Assemblée nationale son projet de loi (numéro 197) visant à réduire les coûts d’approvisionnement en médicaments au Québec. Voilà ce qu’il a déclaré le 13 mai, après que le ministre Gaétan Barrette eut mentionné son désir de s’attaquer au coût élevé des médicaments:«Nous constatons, avec satisfaction, que la pensée du ministre de la Santé a évolué dernièrement sur la question des prix gonflés des médicaments qui occasionnent jusqu'à 1,5 milliard $ d'argent gaspillé par le gouvernement chaque année. Ce matin, le ministre reconnaissait pour la première fois qu’il y avait des économies possibles à faire en mettant en place un processus «d’achats de groupes» et de «négociation des prix» avec les entreprises pharmaceutiques.Je me réjouis de voir que le ministre Barrette est le premier des ministres de la Santé à qui je fais la proposition depuis 2006, qui ose enfin accepter l'idée soutenue par Québec solidaire de recourir aux achats groupés pour diminuer la facture des médicaments. Nous allons appuyer le ministre puisqu'il s'est donné maintenant le devoir de livrer la marchandise.Pour que ce ne soit pas des paroles en l’air, le ministre doit dévoiler rapidement un plan d’action crédible. Pour l'aider à accomplir cette tâche avant la fin de l'année 2015, je lui suggère de regarder du côté du projet de loi 197 visant à réduire les coûts d’approvisionnement en médicaments au Québec que j’ai présenté à l’Assemblée nationale en février dernier et qui est le fruit de plusieurs années de travail. Il y trouvera un plan crédible pour lui permettre de réaliser d’importantes économies qui pourraient être réinvesties dans les soins aux patients. Il est temps de cesser ce gaspillage éhonté qui profite uniquement aux grandes pharmaceutiques mais coûte une fortune aux contribuables québécois.»Part des dépenses de santé au Québec consacrées aux médicaments 2012: 20 %1991: 12 %1980: 6 %Par ailleurs, 12 % des Québécois n'ont pu respecter au moins une prescription dans la dernière année, à cause des coûts (sondage CSBE Léger 2012). Dans le régime public, Québec rembourse 49% des médicaments approuvés par Santé Canada, contre 23 % pour la moyenne des provinces canadiennes.Source: Une nouvelle politique pharmaceutique publique pour le Québec, Québec solidaire, 2015.

«C’est le temps pour le Québec d’avoir une politique pharmaceutique» - Québec solidaire

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes