Budget 2017-2018: hausse de 4,2% pour la santé et de 5,9% pour les médecins

©La Presse canadienne/Jacques BoissinotMême si le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, estime que le rattrapage salarial avec les autres provinces canadiennes est complété, les médecins québécois auront tout de même droit en 2017-2018 à une hausse de leur rémunération de 5,9% et se partageront 419 millions de dollars supplémentaires. Pour sa part, le budget du ministère de la Santé dévoilé le 28 mars augmentera cette année de 4,2% et s’élèvera à 36,7 milliards de dollars sur un budget provincial de 72,6 milliards.La hausse de budget consentie au ministère de la Santé et des Services sociaux s’élève cette année à 1,5 milliard de dollars par rapport à 2016-2017, et ce, même si la taxe santé est abolie dès 2016 pour les contribuables à faible ou moyen revenu et qu’elle disparaîtra pour les plus aisés à compter de 2017. Le budget de la Régie de l’assurance-maladie du Québec croît pour sa part de 600,5 millions $. Toutefois, la majeure partie de cette somme est accaparée par l’augmentation de 419 millions attribuée aux médecins.L’enveloppe réservée à la rémunération du corps médical s’élèvera à 7,5 milliards de dollars, soit 20 % des dépenses de programmes en Santé et Services sociaux. En 2006-2007, cette part s’établissait à 14,9%,Québec veut revenir sur sa signatureMême s’il semble généreux avec ses médecins, le gouvernement semble reprendre en partie d’une main ce qu’il donne de l’autre. Il a profité de ce budget pour réitérer son intention de revoir les ententes sur des hausses de rémunération qu’il avait conclues avec la FMOQ et la FMSQ. En 2014, le gouvernement avait convenu d’un nouvel accord qui permettait d’étaler des modalités d’une entente négociée initialement en 2011 prévoyant des majorations de 5,3 milliards de dollars.Pour la seconde fois, Québec a exprimé son désir de «réaménager» cette entente. L’argent épargné serait entièrement versé aux établissements, signale le ministère. Les intentions du gouvernement ont soulevé l’ire de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec. Elle voit dans ce geste une intention du gouvernement de renier sa propre signature.Son président, le Dr Louis Godin, a rappelé que la rémunération moyenne des médecins de famille québécois a augmenté de 0 % en 2014, de 1,9 % en 2015 et 2,7 % en 2016 et qu’un important écart subsiste avec les omnipraticiens ontariens. La FMOQ espérait que le gouvernement profite de ses surplus en 2017-2018 pour obtenir l’équité qu’elle recherche pour ses membres, mais le budget semble lui laisser bien peu d’espoir.En outre, le Dr Godin a rappelé que près de 400 nouveaux médecins de famille vont débuter en pratique cette année, ce qui va nécessiter une hausse approximative de l’enveloppe de rémunération des omnipraticiens de 1,5%. «Hausse d’enveloppe monétaire ne signifie donc pas nécessairement augmentation de rémunération», a fait remarquer le président de la FMOQ.À lire aussi:Budget Leitão: Lisée demande un gel de la rémunération des médecinsPar ailleurs, le gouvernement a alloué cette année une somme de près de 270 millions de dollars pour la rémunération des résidents et des internes, une hausse de près de 5 millions par rapport à 2016-2017.Hausse limitée à compter de l’an prochainMême si elle ne fait pas le bonheur de la FMOQ, la hausse générale de 5,9% consentie aux médecins a immédiatement été critiquée par le porte-parole du Parti québécois en matière de Finances, Nicolas Marceau. «Il y a deux budgets en santé, a-t-il dénoncé: celui des médecins, qui est prioritaire, et le budget des patients, qui passe en deuxième.»Cette période tire toutefois à sa fin. À compter de l’an prochain, le ministre Gaétan Barrette aspire à limiter les hausses de rémunération accordées aux médecins à 3% par année pour faire en sorte qu’elle demeure à 20% du budget de la santé entre 2017-2018 et 2019-2020.Deux milliards de plus en deux ansQuébec a déjà montré ses couleurs en matière d’investissements pour les deux prochaines années et il a profité de ce budget pour dévoiler son intention d’injecter deux milliards de plus dans la santé durant cette période, soit 772 millions en 2017-2018 et 1 182 millions en 2018-2019. De ces deux milliards, la moitié sera versée aux établissements afin d’améliorer l’accès aux soins et leur qualité.Cet argent sera investi dans les postes budgétaires suivants (en millions de dollars):2017-2018 2018-2019Financement additionnel pour les établissements:328738Réduction des délais d'attente dans les hôpitaux:100100Augmentation des services prioritaires en santé et services sociaux:100100Soutien à l'autonomie des personnes âgées à domicile:6969Services diagnostiques et chirurgies:6565Soutien aux personnes ayant un trouble du spectre de l'autisme:4141Miser sur la prévention en santé:2929Ajout d’infirmières praticiennes spécialisées (IPS):2020Programme de soutien aux organismes communautaires:1010Miser sur la prévention en santé:1010Le ministère croit pouvoir réduire les délais d’attente dans les hôpitaux en créant 2 100 places pour les personnes en attente d’hébergement, de réadaptation et de convalescence et les patients en santé mentale. Les 65 millions injectés dans les CHSLD devraient permettre d’embaucher 1 150 préposés aux bénéficiaires, infirmières auxiliaires et infirmières. Les 41 millions prévus à l’item «services diagnostiques et chirurgies» sont destinés à diminuer l’accès à ces deux services.Le ministère entend aussi poursuivre les travaux portant sur le financement axé sur le patient entrepris par le ministre Gaétan Barrette, mais y attribuer un budget précis.

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