Bonsoir, la campagne est lancée!

La campagne électorale provinciale est lancée comme une balle de baseball. Comme à l’habitude, la Santé est un enjeu pour tous les partis. Cela n’étonne personne, avec la part monstre du budget de l’État dédiée à ce Ministère et avec les troubles chroniques bien connus du réseau qui exaspèrent avec raison les électeurs. Le ton semble toutefois avoir changé pour le mieux envers les médecins de famille, antérieurement pointés du doigt comme les responsables des difficultés d’accès en première ligne. Fait intéressant, la pandémie n’est pas au centre des débats électoraux jusqu’ici, signe d’une accalmie ou d’une habituation collective. Parmi les promesses électorales de tous les partis confondus, on veut (re)créer une agence de santé pour gérer les opérations du réseau d’un peu moins haut. On promet (encore) d’attribuer un médecin de famille à chaque Québécois. On jure d’augmenter la part du privé dans l’offre de service pour diminuer la bureaucratie. On imagine transformer les CLSC en points d’accès principaux de première ligne avec des équipes multidisciplinaires de non-médecins, dont des infirmières praticiennes avec autonomie accrue. On s’engage à augmenter drastiquement le financement en soins à domicile et à revoir la rémunération des médecins. On affirme pouvoir augmenter de 200 places par année le nombre d’admissions dans les facultés de médecine. Jusqu’à présent, rien d’innovant ne saute aux yeux dans ces promesses, qui sont en partie souhaitables. Tant mieux si elles sont tenues. Mais il y a des hics: le vieillissement démographique, le manque de personnel dans toutes les sphères de la société, les conditions de travail peu attrayantes dans le réseau et l’explosion des coûts liés à l’inflation. Proposer dans ce contexte de créer des services, de changer des structures ou d’ajouter des personnes paraît d’avance voué à de grandes difficultés de réalisation. Nous pourrions demander à un magicien de trouver des médecins de famille, des infirmières, des pièces d’or ou des milieux de stage comme des lapins dans un chapeau, mais nous risquerions d’être déçus. Nous, sur le terrain, nous le savons, mais une partie des électeurs ne verront pas l’illusion dans ces promesses. À moins que celles et ceux, là-haut, qui brassent et rebrassent les cartes, d’élection en élection, détiennent des informations cruciales qui nous échappent. Je n’ai pas vu encore dans ces plateformes des engagements clairs visant à optimiser le travail des professionnels, à réduire la non-qualité, la non-utilité, la non-pertinence. À trier et orienter les demandes de consultation au-delà du GAP. À réduire la lourdeur bureaucratique. À se débarrasser du fax. À implanter des adjoints clinico-administratifs. À limiter la consommation abondante des ressources médicales publiques à des fins d’assurances ou légales ou d’emploi. À régler le non-accès à l’information médicale. À programmer un système de suivi des demandes. À intégrer pleinement les technologies informatiques modernes, les téléconsultations, l’automatisation. À mettre en place des programmes de dépistage populationnels pour laisser les médecins soigner les malades. À intégrer une éducation scolaire de base sur la santé et les maladies courantes qui ne requièrent pas de soins médicaux. Les politiciens, qui, on n’en doute pas, veulent améliorer la qualité de vie et la santé des électeurs, devraient se soucier d’aider les professionnels de la santé à soigner. Pour donner des soins autrement, de meilleure qualité, mieux coordonnés, plus accessibles, plus efficaces, plus utiles, à ceux qui en ont besoin, des soins plus humains. Souhaitons que la balle soit prise au bond, peu importe le parti qui gagnera la coupe jusqu’à la prochaine élection.

Bonsoir, la campagne est lancée!

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Derrière ce blogue:

Vincent Demers

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