Bienfaits de la spécialisation en pharmacie: L’OPQ tentera de convaincre le ministre de la Santé

Le ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec, Yves Bolduc, ne se montre pas particulièrement enthousiaste devant la possibilité que les pharmaciens d’établissements soient reconnus comme des spécialistes. Qu’à cela ne tienne, l’Ordre des pharmaciens du Québec n’abandonne pas ce cheval de bataille et crée un comité dont le mandat est clair : convaincre le ministre des avantages de la spécialisation.Lors d’une entrevue à L’actualité pharmaceutique sur la reconnaissance d’une première spécialité en pharmacie – la pharmacothérapie avancée –, l’Office des professions du Québec a indiqué qu’il attendait « un complément d’information de l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ) pour lever les craintes émises par le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec » (MSSS).Par conséquent, l’Office des professions a interrompu depuis 2008 l’analyse des deux projets de règlement pour le développement de spécialités en pharmacie que lui a soumis l’OPQ en 2007. Pourtant, l’OPQ dit avoir envoyé deux compléments d’information à l’Office des professions en novembre 2008. D’ailleurs, ces documents sont en ligne sur son site Web (section Publications, sous-section Mémoires).Dans une entrevue accordée à L’actualité pharmaceutique, le ministre de la Santé, Yves Bolduc, ne s’est pas montré plus en faveur de la spécialisation en pharmacie que son prédécesseur, Philippe Couillard. Il a même relancé la balle à l’Office des professions. « Je ne ferme pas la porte à cette idée, mais nous avons surtout besoin de pharmaciens généralistes dans les établissements de santé. Dans certains cas, comme en oncologie, cela pourrait être envisageable, mais c’est à l’Office des professions de trancher. »Trouver un nouvel angle d’approchePour tenter de dénouer cette impasse, l’OPQ a décidé de mettre en place un Comité spécial sur la spécialisation. « Ce comité aura notamment comme mandat de revoir l’argumentaire visant à faire valoir la pertinence de la reconnaissance des spécialités en pharmacie, explique Diane Lamarre, présidente de l’OPQ, dans son éditorial portant sur la reconnaissance d’une spécialité en pharmacie, publié dans L’interaction d’avril 2011. Le comité tentera de démontrer cette pertinence, non seulement pour les pharmaciens, mais également pour les autres professionnels de la santé et pour la population. »Ce comité est composé des pharmaciens suivants : Diane Lamarre, Jean-François Bussières (chef d’un département de pharmacie), Jude Goulet (pharmacien d’établissement), Charles Fortier (président de l’APES), Jean-Pierre Grégoire (doyen de la Faculté de pharmacie de l’Université Laval), Pierre Moreau (doyen de la Faculté de pharmacie de l’Université de Montréal), Marc Parent (pharmacien d’établissement), Linda Vaillant (directrice générale de l’APES), Marie-Claude Poulin (OPQ – secrétaire du comité). Éric Plante, administrateur au C.A. de l’OPQ, nommé par l’Office des professions, participe aussi à ces travaux.Marc Parent et Jean-François Bussières ont présidé l’ancien comité de l’OPQ sur les spécialités. Ce comité a été dissous en 2006 après avoir effectué ses mandats, soit de rédiger un rapport sur la pertinence de développer des spécialités en pharmacie, puis de proposer un cadre de reconnaissance des spécialités en pharmacie et des projets de règlement.Diane Lamarre promet que les travaux de ce comité ne s’éterniseront pas. Il faut dire que l’Association des pharmaciens des établissements de santé (APES) commence à démonter des signes d’impatience. « L’objectif est de raffermir l’argumentaire de l’Ordre dans des délais courts, et de remettre rapidement ce dossier à l’ordre du jour du MSSS. »Mandats du Comité spécial sur la spécialisationRevoir les différents écrits et mémoires élaborés par l’OPQ au fil des années sur la spécialisation en pharmacie;Actualiser l’argumentaire en fonction des demandes exprimées par le MSSS et son ministre;Présenter, pour adoption par le C.A. de l’OPQ, un nouveau mémoire en soutien à l’approbation, par les instances, d’un règlement sur la délivrance de permis de spécialistes.L’APES ne partage pas la vision du ministre de la SantéL’Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec (APES) ne se contentera pas uniquement de participer au Comité spécial sur la spécialisation. « Nous allons reparler au ministre de la Santé, car nous pensons qu’il n’a peut-être pas la bonne compréhension du dossier sur la spécialisation en pharmacie, qui a été déposé par l’Ordre à l’Office des professions », soutient Linda Vaillant, directrice générale de l’APES.« Le premier certificat de spécialiste en pharmacothérapie avancée se base sur un programme d’études qui existe depuis 40 ans, soit la maîtrise en pratique pharmaceutique, autant pour les pharmaciens d’établissement que ceux de pratique privée. C’est l’équivalent de la médecine interne pour les médecins. »« Nous ne sommes pas contre une éventuelle spécialité en oncologie, mais commençons par une spécialité où il existe déjà un programme de formation. Pour le moment, il n’existe pas de programme de résidence en oncologie. Sinon, cela prendra encore vingt ans pour la reconnaissance d’une première spécialité en pharmacie. »Le concept du pharmacien d’établissement « généraliste » du ministre de la Santé ne plaît pas à l’APES. « Les pharmaciens d’établissements ne sont pas des généralistes. La plupart d’entre eux ont une maîtrise. Ce sont déjà des spécialistes. Ce ne sont pas tous des spécialistes en oncologie, cardiologie ou en soins intensifs. Ces spécialités constitueront un autre niveau de spécialisation en pharmacie qui viendra après celle de pharmacothérapie avancée. »

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