Assurances privées de médicaments: le syndicat des professeurs de l'Université Laval répond à l'APPSQ

Québec, le 22 décembre 2016Monsieur Augé,J’ai pris connaissance de votre lettre ouverte au professeur de pharmacie Marc Desgagné suite à la parution d’un article de Denis Méthot intitulé Surfacturation et coût des médicaments génériques: les assureurs privés heureux des mesures d’équité avec le public. Dans cet article, l’auteur faisait un sommaire d’une communication du professeur Desgagné.D’abord, permettez-moi de rappeler le chapeau qu’arborait le professeur Desgagné lorsqu’il a effectué sa présentation publique, le 30 novembre dernier. C’est à titre de représentant du preneur d’assurances qu’est le Syndicat des professeurs et professeures de l’Université Laval (SPUL) que M. Desgagné prenait la parole.Le professeur Desgagné est un officier syndical. Il préside le Comité du SPUL sur les assurances collectives, de même que le Comité de gestion des assurances collectives, un comité paritaire SPUL-Université Laval qui gère nos assurances collectives. D’ailleurs, pour les gens présents lors de son allocution, il n’y avait pas de confusion possible : M. Desgagné a bien indiqué son rôle. De plus, le nom et le logo du SPUL figuraient sur chacune des diapositives qu’il a utilisées. Ainsi, contrairement à ce que vous avancez, ce n’est pas le point de vue des assureurs privés que M. Desgagné présentait. Il faisait plutôt valoir le point de vue d’un preneur d'assurances et des adhérents que représente le SPUL.Je comprends que vous soyez choqué par certains faits troublants que rapportait M. Desgagné, mais je trouve déplorable le sous-entendu que vous faites lorsque vous vous dites préoccupé face au discours du professeur qui dispense le cours « Le contexte québécois de la pratique de la pharmacie ». Soulever le doute sur la personne me semble être un procédé discutable. Par ailleurs, je m’étonne que vous reprochiez au professeur Desgagné le titre choisi par le journaliste auteur de cet article. Je ne me souviens pas que M. Desgagné ait parlé de surfacturation dans son allocution. Il présentait plutôt des faits préoccupants et des exemples bien réels.Car les données présentées par le professeur Desgagné sont factuelles; elles sont tirées des études que le SPUL a effectuées sur les réclamations des 1500 adhérents pour qui il est le preneur de leurs assurances collectives (couvrant plus de 3500 personnes assurées). Or, dans le débat sur les modalités de remboursement des médicaments d’ordonnance dans un système mixte (qui comporte un volet public et un volet privé), les preneurs des assurances et les payeurs sont trop facilement oubliés. Nous sommes bien d’accord que le système actuel est imparfait et que la volonté du gouvernement de faire fonctionner le régime public à coût moindre est très problématique. Nous comprenons fort bien qu’en sous-finançant le régime public, le gouvernement met à mal les professionnels de la santé que sont les pharmaciens. Certains voient alors dans une facturation plus importante des patients qui bénéficient d’assurances privées une vertu qui permet au pharmacien « de se rattraper » et au gouvernement de maintenir un programme public mal financé. Mais, les payeurs que nous sommes peuvent s’interroger sur les limites de cette façon de faire.Et les questions sont nombreuses. Ainsi, lorsqu’un pharmacien facture des milliers de dollars de plus pour un traitement remboursé par nos assurances privées comparativement au même traitement remboursé par le régime public, nous sommes en droit de nous questionner. Quelles sont les limites de la surprime que peuvent nous charger les pharmaciens ? Quand devient-elle abusive ? Alors que nous tentons de contrôler le coût de nos assurances en incitant nos membres à demander des médicaments génériques, que faut-il penser des pharmaciens qui vendent des médicaments génériques plus chers que les médicaments d’origine ? Ces questions, parmi d’autres, sont légitimes et le SPUL va continuer de les poser.Les pharmaciens sont des professionnels de la santé qui méritent d’être correctement rémunérés. Cette juste rémunération passe notamment par le versement d’un paiement juste pour les actes professionnels rendus. Mais, les pharmaciens sont aussi des commerçants qui facturent les médicaments qu’ils vendent. Les payeurs que nous représentons ont le droit de questionner leurs fournisseurs sur ce qui justifie les sommes demandées, surtout lorsqu’il y a un grand écart avec les sommes remboursées par le régime public. Le SPUL, je le répète, continuera de poser des questions et, au besoin, dénoncera les iniquités et les abus.Yves Lacouture, président du Syndicat des professeurs et professeures de l’université Laval

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