Assouplissement des mesures de restriction contre la COVID-19: des défis entre les provinces

Les provinces qui souhaitent assouplir les mesures de restriction liées à COVID-19 doivent tenir compte de leurs voisins, préviennent les experts en maladies infectieuses.L'Île-du-Prince-Édouard, où le nombre de cas est bas, vise un allègement des mesures mises en place pour ralentir la propagation vers la fin avril et compte rouvrir les entreprises à la mi-mai.Le gouvernement de la Saskatchewan a déposé son plan de déconfinement jeudi, lequel mise sur une réouverture des entreprises et la reprises de certaines activités de manière graduelle dès le 4 mai.Le Dr Craig Jenne, chercheur en maladies infectieuses à l'Université de Calgary, croit que l'assouplissement des restrictions à la pièce, d'une province à l'autre, pourrait présenter des défis.«De nombreuses provinces au Canada n'ont pas de frontières rigides», a-t-il indiqué à La Presse canadienne. «Alberta, Saskatchewan, Manitoba - nous ne sommes pas des îles où nous pourrions empêcher les déplacements entre les provinces. Les provinces devront s'assurer d'être sur la même longueur d'onde.»En date de mercredi dernier, la Saskatchewan avait enregistré 326 cas, dont quatre décès, mais moins de 20% des cas étaient considérés comme actifs.Le médecin hygiéniste en chef de la province a déclaré que tout assouplissement des restrictions devrait être fait avec soin.À lire aussi: COVID-19: les pédiatres du Québec en faveur d'un déconfinement progressif des enfantsTout juste à l'Ouest, l'Alberta compte plus de 3 000 cas, dont 66 décès, pour une population seulement quatre fois plus importante que celle de la Saskatchewan.La Dre Stephanie Smith, professeure agrégée en maladies infectieuses à l'Université de l'Alberta, croit qu'il pourrait être judicieux pour les provinces ayant un faible nombre de cas d'envisager d'abandonner les mesures de confinement.«Quand elles le feront, il sera important qu'elles soient toujours capables d'identifier les nouveaux cas et de rechercher les nouveaux contacts», a-t-elle déclaré. «Elles vont avoir besoin de tests et d'outils de traçabilité vraiment robustes pour bien identifier tout nouveau cas et s'assurer qu'il s'isole.»«C'est important si on veut éviter de se retrouver dans une situation incontrôlée.»Le Dr Jenne ajoute que les éclosions à High River, en Alberta, et dans plusieurs foyers de soins de longue durée montrent à quelle vitesse une situation peut changer une fois que le nouveau coronavirus commence à se propager.«Dès que nous aurons baissé notre vigilance dans le dépistage et l'isolement… nous verrons un pic dans les communautés canadiennes, nous verrons une augmentation des cas, nous verrons une augmentation des hospitalisations et, malheureusement, nous verrons une augmentation des décès une fois que ces points chauds commenceront à apparaître.»Par exemple, une éclosion dans le projet de sables bitumineux d'Imperial Oil dans le nord-est de l'Alberta a été reliée à des cas en Saskatchewan, en Colombie-Britannique, au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse.«Ce virus ne voyage pas dans les airs», explique le Dr Jenne. «Il se déplace sur les gens et plus les gens se déplacent entre les frontières provinciales et même au sein de leur propre communauté, plus le virus se déplace.»Les deux médecins indiquent que c'est pour cette raison que la distanciation sociale a été si efficace pour réduire le nombre de cas au Canada.Chaque province et territoire a des approches différentes pour limiter la propagation de la COVID-19. Le Manitoba a mis en place des postes de contrôle sur les principales autoroutes pour aider à informer les voyageurs des mesures de santé publique en place.Certaines juridictions comme le Nouveau-Brunswick et les territoires du Nord ont interdit aux non-résidents d'entrer ou obligent quiconque vient dans la province à s'auto-isoler jusqu'à 14 jours.Valorie Crooks, géographe spécialisée dans la recherche sur les services de santé à l'Université Simon Fraser, estime qu'il sera difficile de contrôler les déplacements entre les provinces.«Cela soulève beaucoup de questions sur la façon dont vous imposez les mesures et la capacité que vous avez de les appliquer», a-t-elle déclaré.La géographe a ajouté qu’il serait plus facile de protéger les populations du Nord ou des îles, mais qu’il n’est tout simplement pas pratique de patrouiller sur toutes les routes entre les provinces.Les deux experts en maladies infectieuses ont déclaré que la fermeture de la frontière avec les États-Unis était un outil efficace, mais le Dr Jenne a noté que ce n'était pas une solution parfaite.«Cela doit être fait de concert avec tout le reste, y compris des niveaux élevés de dépistage, de recherche de contrats et d'auto-isolement au sein des communautés», a déclaré le professeur.«La fermeture d'une frontière, si elle n’est pas associée à d'autres mesures renforcées, amène un faux sentiment de sécurité», selon les experts.

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