Applications futures de l’IRM: «Un potentiel fou» – Le Dr Jean Rodrigue

Dans un proche avenir, les appareils de résonance magnétique pourront contribuer à détecter précocement la démence, dont la maladie d’Alzheimer. C’est l’une des nombreuses possibilités de l’IRM évoquées par le radiologue Jean Rodrigue, chef du département d’imagerie médicale de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus, et par le neuroradiologiste Christian Berthelot, lors de la présentation du 3 Tesla, un nouvel appareil de résonance magnétique extrêmement avancé et dont est pourvu cet établissement depuis quelques semaines.Au cours des prochaines années, le Dr Rodrigue s’attend à une véritable explosion de la demande pour les examens d’IRM en raison des applications qu’offre cette technologie dans presque toutes les spécialités médicales. Même la psychiatrie va bénéficier de l’avancement de l’IRM. «Il y a déjà un gros volet de recherche en psychiatrie, à savoir : trouver les bases chimiques de la schizophrénie et de la psychopathie, explique le Dr Berthelot. On a déjà lancé des projets de recherche impliquant l’utilisation de l’IRM chez les enfants souffrant de troubles d’hyperactivité.»Énorme potentiel«L’IRM a un potentiel fou, tient à préciser le Dr Rodrigue. On compte des applications en résonance magnétique dans toutes les sphères d’activité, en angiographie, en hémato-oncologie… Le volet oncologique sollicite beaucoup cette technologie ici, à l’Hôpital de l’Enfant-Jésus. Le 3 Tesla est tellement puissant qu’il nous permet de détecter des choses qu’on ne voyait pas autrefois. Avec ce nouvel appareil, nous allons déceler plus de pathologies. En musculo-squelettique, par exemple, nous pourrons faire des évaluations de cartilage et mesurer le degré d’atteinte cartilagineuse avec des protocoles spécialisés.»Les logiciels qui contribueront à déceler des démences à un stade précoce sont actuellement en cours d’élaboration. L’analyse des structures chimiques pourra contribuer à détecter dans certains cas un début d’Alzheimer. L’examen viendrait de pair avec un dépistage clinique et l’IRM pourrait venir appuyer le diagnostic.Examen du cerveauL’aspect de la tractographie, une composante majeure de la neuroradiologie, va également bénéficier du 3 Tesla installé à l’Enfant-Jésus. Le nouvel appareil permet d’isoler des fibres nerveuses dans le cerveau et de savoir ainsi si elles sont refoulées par une tumeur ou envahies, ce qui présente un immense intérêt pour la planification chirurgicale et thérapeutique.La spectroscopie par résonance magnétique des tumeurs cérébrales s’en trouvera améliorée. «On prend une empreinte de la tumeur opérée, explique le Dr Rodrigue. Même si, sur le plan microscopique, il n’y a pas de trace de nodules récidivés, si la chimie est identique à celle de la tumeur, on sait qu’il y a récidive. On peut donc mieux suivre les patients opérés.»IRM du corps entierL’installation du 3 Tesla à l’Hôpital de l’Enfant-Jésus va aussi permettre d’entreprendre l’IRM diffusion du corps entier, ce qui aura des applications pour certaines tumeurs, comme l’extension des lymphomes. Le nouvel appareil a un effet similaire à celui du Petscan, mais il est dépourvu de radiations et d’injections intraveineuses. Les images peuvent se ressembler, et la sensibilité et la spécificité sont aussi fortes que celles d’un Petscan. «À l’Hôpital de l’Enfant-Jésus, nous formons un grand centre d’hémato, mais nous n’avons pas de Petscan. Certes, nous avons le potentiel d’exploiter à fond cette technologie du corps entier», dit le Dr Rodrigue.D’autres champs pourraient être exploités dans l’avenir, notamment l’imagerie prostatique, une plus-value pour le diagnostic des tumeurs de la prostate.

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