Applications en santé: Cinq questions à poser à vos patients

Gestion du diabète, méditation, remise en forme. Les applications en santé sont de plus en plus nombreuses et populaires. Bien qu’elles constituent un outil précieux pour les professionnels de la santé, il faut bien cerner les patients à qui elles sont profitables.Selon une étude réalisée par HEC Montréal (anciennement École des hautes études commerciales de Montréal) en 2017, 32 % des Canadiens utilisent des applications mobiles en santé. Ce pourcentage serait similaire aux États-Unis.Il y aurait cependant une différence entre les deux pays. Ainsi, aux États-Unis, les deux tiers des professionnels de la santé (68 %) discutent de ces applications avec leurs patients, alors que ce pourcentage serait inférieur à 50 % chez les professionnels de la santé canadiens, affirme le pharmacien et cofondateur de Therappx, Alexandre Chagnon.Cette entreprise québécoise a pour mission d’orienter et de conseiller les Canadiens et les professionnels de la santé afin qu’ils utilisent des outils de santé numériques sécuritaires. Depuis septembre, l’équipe, composée d’une vingtaine de professionnels de la santé, a testé plus de 100 applications. « Ce sont des questions ouvertes permettant aux patients de discuter et d’éviter les simples “oui” et “non”. » Alexandre Chagnon, pharmacien et cofondateur de Therappx Pour outiller les professionnels et leur permettre de repérer les bons candidats susceptibles d’utiliser correctement ces applications, Alexandre Chagnon et son équipe se sont inspirés d’un questionnaire mis en place par le « Digital Health Literacy Instrument » (DHLI) comportant 21 questions. Ils en ont sélectionné cinq qui aident à se faire une idée de l’habileté des patients à utiliser ces applications.Ces questions sont conçues pour favoriser la discussion entre le patient et le professionnel de la santé. « Ce sont des questions ouvertes permettant aux patients de discuter et d’éviter les simples “oui” et “non”. Il ne faut pas hésiter à pousser la discussion en demandant aux patients de donner des exemples », précise Alexandre Chagnon.Selon Alexandre Chagnon, poser deux ou trois questions suffit habituellement pour avoir une bonne idée du niveau d’aisance du patient. 1- Quand vous cherchez sur Internet de l’information au sujet de votre santé, à quel point vous est-il facile de faire un choix en considérant toutes les informations trouvées ?Cette question vise à mesurer le degré d’autonomie du patient lorsqu’il s’agit de trouver, comprendre et lire l’information en santé. « Au moment de télécharger une application sur le diabète par exemple, si je me retrouve devant 80 options, suis-je à l’aise de naviguer au travers de chacune d’entre elles pour trouver celles qui correspondent à mes besoins ? », demande Alexandre Chagnon.2- Quand vous cherchez sur Internet de l’information au sujet de votre santé, à quel point vous est-il facile de décider si l’information trouvée est fiable ou non ?Plusieurs applications en santé fournissent de l’information aux patients sous forme de capsules. Il faut s’assurer que le patient fait preuve de jugement afin de reconnaître et de s’interroger sur une information qui pourrait sembler douteuse de prime abord.3- Quand vous cherchez sur Internet de l’information au sujet de votre santé, à quel point vous est-il facile de décider si l’information trouvée s’applique à votre situation ?Le pharmacien suggère aux professionnels de la santé de demander aux patients de leur donner un exemple d’adaptation de l’information trouvée à leur propre situation. « Souvent, les patients me répondent oui du tac au tac, mais lorsque je leur demande un exemple, ils font de gros yeux et ne peuvent pas en trouver. »4- Quand vous cherchez sur Internet de l’information au sujet de votre santé, à quel point vous est-il facile d’exprimer votre opinion, vos pensées ou vos sentiments sous forme écrite ?Cette question vise à mesurer le niveau d’engagement et d’interaction avec l’application, notamment dans la cueillette de données ou en matière de suivi en santé mentale, par exemple. Plusieurs applications vont utiliser les émoticônes, mais encore faut-il que les patients aient la capacité de les comprendre et d’être à l’aise dans leur utilisation.5- Quand vous cherchez sur Internet de l’information au sujet de votre santé, à quel point vous est-il facile de partager de manière intentionnelle ou non des informations privées à votre sujet (p. ex., votre nom, votre adresse) ?Il est important de s’assurer que les patients sont bien au courant des « dangers du Web » et de la divulgation d’informations pour éviter qu’ils ne tombent dans certains pièges. La question permet de s’assurer que le patient sait que l’information privée peut être divulguée. « Si, lorsqu’on pose cette question, le patient fronce les sourcils d’un air surpris, c’est peut-être le signe qu’il vaut mieux qu’il évite les applications mobiles », affirme Alexandre Chagnon.

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