Antihypertenseurs: un risque accru de dermatite eczémateuse chez les personnes âgées

Une récente étude basée sur la population révèle que les taux d'eczéma diagnostiqués sont en augmentation chez les personnes âgées, avec une prévalence de 8% chez les adultes de plus de 60 ans. Alors que la plupart des recherches sur l'eczéma se sont concentrées sur les enfants et les jeunes adultes, on sait peu de choses sur les processus physiopathologiques et les meilleurs traitements pour les adultes plus âgés. Certaines données laissent à penser que les médicaments, en particulier les antihypertenseurs, peuvent contribuer à la dermatite eczémateuse chez les personnes âgées. Cependant, aucune étude de population n'avait jusqu’à présent quantifié la proportion des diagnostics de dermatite eczémateuse chez les personnes âgées pouvant être attribuée aux médicaments antihypertenseurs, ni si certaines classes de médicaments antihypertenseurs posaient plus de problèmes que d'autres.À lire aussi: Lignes directrices internationales actualisées pour la prise en charge de la dermatite atopiquePour déterminer si l'utilisation de médicaments antihypertenseurs était associée à la dermatite eczémateuse chez les personnes âgées, des chercheurs britanniques ont mené une étude de cohorte longitudinale, pendant 11 ans, dans des cabinets de soins primaires participant au Health Improvement Network (réseau d'amélioration de la santé) au Royaume-Uni. L'étude a porté sur un échantillon de population de personnes âgées de 60 ans et plus, sans diagnostic de dermatite eczémateuse au début de l'étude. Les patients ayant reçu une ordonnance pour un médicament antihypertenseur avant le début de l'étude ont été exclus de l'analyse. Les patients sont restés dans la catégorie non exposée jusqu'à ce qu'ils reçoivent leur première ordonnance pour un médicament antihypertenseur. Les résultats sont les suivants:L'étude a porté sur 1 561 358 personnes âgées (âge moyen: 67 ans; 54% de femmes).La prévalence globale de la dermatite eczémateuse était de 6,7% pendant une durée médiane de suivi de six ans.L'incidence de la dermatite eczémateuse était plus élevée chez les participants qui recevaient des médicaments antihypertenseurs que chez ceux qui n'en recevaient pas (12 contre 9 sur 1000 personnes-années de suivi).Les modèles à risques proportionnels de Cox ajustés ont révélé que les participants ayant reçu un quelconque médicament antihypertenseur présentaient un taux de dermatite eczémateuse accru de 29% (rapport de risque [HR], 1,29; IC à 95%, 1,26-1,31).Lors de l'évaluation individuelle de chaque classe de médicaments antihypertenseurs, le risque le plus élevé a été observé pour les diurétiques (HR, 1,21; IC à 95%, 1,19-1,24) et les inhibiteurs calciques (HR, 1,16; IC à 95%, 1,14-1,18). Le risque le plus faible a été observé pour les inhibiteurs de l'enzyme de conversion de l'angiotensine (IEC) (HR, 1,02; IC à 95%, 1,00-1,04) et les β-bloquants (HR, 1,04; IC à 95%, 1,02-1,06).L'analyse des médicaments de la classe des diurétiques a révélé un risque plus élevé pour les diurétiques de l'anse et les diurétiques d'épargne potassique que pour les diurétiques thiazidiques.Aucune différence de risque cliniquement significative n'a été observée entre les différents inhibiteurs calciques.Les auteurs concluent que, dans cette étude de cohorte, les antihypertenseurs ont été associés à une légère augmentation (29%) du taux de dermatite eczémateuse, l'augmentation du taux étant la plus élevée pour les inhibiteurs calciques et les diurétiques (16%-21%), et la plus faible pour les inhibiteurs de l'ECA et les β-bloquants (2%-4%). Avec environ 14,5 millions de personnes âgées au Royaume-Uni, les auteurs estiment que les médicaments antihypertenseurs pourraient être associés à 43 500 nouveaux cas de dermatite eczémateuse par an chez cette catégorie de population. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre les mécanismes possibles qui sous-tendent cette association. À lire aussi: Quelles options pour les adultes souffrant de dermatite atopique réfractaire aux traitements topiques?Selon eux, ces données pourraient être utiles pour guider la prise en charge lorsqu'un patient présente une dermatite eczémateuse à un âge avancé. Par exemple, si un adulte âgé prenant un inhibiteur calcique pour l'hypertension présente une dermatite eczémateuse, qu'un bilan clinique n'identifie pas d'autre cause pour la dermatite et que l'affection est gênante et ne répond pas au traitement, un changement de classe d'antihypertenseur, tel qu'un inhibiteur de l'ECA, pourrait être envisagé. Dans l'ensemble, les prestataires de soins de santé devraient considérer le traitement antihypertenseur comme une cause possible de dermatite eczémateuse ou comme un facteur contributif chez les patients plus âgés.

Antihypertenseurs: un risque accru de dermatite eczémateuse chez les personnes âgées

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