AMM: l'INESSS propose de remplacer le propofol par un anesthésique à risque de pénurie

Si le Québec devait faire face à une pénurie de propofol, l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) recommande d'utiliser le phénobarbital par voie intraveineuse pour administrer l’aide médicale à mourir (AMM). Or, le phénobarbital est également à risque de rupture de stock, souligne l’Institut.«Dans un contexte de pénurie de propofol et de phénobarbital, la poursuite de l’AMM pourrait être remise en question», avancent les scientifiques de l'INESSS dans le document COVID-19 et aide médicale à mourir : Constitution des trousses lors d’une pénurie de propofol.Dans ce document, l’INESSS a voulu trouver un remplaçant au propofol, dont le risque de pénurie est élevé dû à son utilisation chez les patients atteints de la COVID-19 aux soins intensifs.Après avoir consulté la littérature et des lignes directrices de différentes organisations, les experts ont conclu que seul le phénobarbital peut être envisagé pour remplacer le propofol, à l’heure actuelle.«Selon certains experts, le phénobarbital serait un choix intéressant vu son mécanisme d’action sur les récepteurs GABA, qui est similaire à celui du propofol», soulignent les scientifiques de l’INESSS.Ce produit est déjà recommandé par le Collège des médecins du Québec (CMQ) comme option de deuxième intention après le propofol en cas d’allergie ou si ce dernier n’est pas disponible.Des produits peu documentésD’autres options par voix parentale ont été analysées par l’INESSS, mais ne sont pas envisageables. Par exemple, le Thiopenthal, recommandé par le guide des Pays-Bas pour induire le coma n’est pas disponible au Canada. Pour la kétamine, les doses à utiliser pour l’AMM ne sont pas connues. De plus, une dose excessive de ce produit peut provoquer une dépression respiratoire.Pour ce qui est des antipsychotiques, des benzodiazépines et de l’insuline, ces produits ne sont pas recommandés par l’INESSS faute de documentation suffisante sur leur utilisation lors de l’AMM.À lire aussi: Manque de propofol: l'accès à l'aide médicale à mourir retardé Par ailleurs, les options de médicaments par voie orale ne représentent pas une solution adéquate, selon les experts. La raison : les délais d’action sont très variables et la condition des patients ne permet pas toujours la déglutition ni la prise complète de la dose.Selon le document de l’INESSS, les médecins ne devraient pas donner un médicament par voie orale en raison de trop d’incertitudes.La voie d’administration rectale n’est pas plus recommandée.Éviter les souffrancesL’INESSS souligne que les médicaments utilisés lors de l’AMM doivent permettre d’éviter toute souffrance supplémentaire à la personne et conduire celle-ci à son décès en un temps limité.«Le choix d’un produit alternatif au propofol et de la voie d’administration appropriée devrait ternir compte de ces mêmes considérations», estime l’INESSS.Ainsi, selon ces experts, les médicaments dont la preuve thérapeutique est documentée ainsi que la voie d’administration intraveineuse sont à privilégier.Quelles sont les réserves de propofol?À l’heure actuelle, le propofol continue à être utilisé par les médecins qui administrent l’aide médicale à mourir. Mais pour combien de temps? Le 12 avril, la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, a dit craindre une pénurie du propofol, mais n’a pas donné les détails des réserves de ce sédatif au Québec.Jeudi, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) n'avait pas plus de détails sur l'état des stocks de propofol et de phénobarbital lorsque nous l'avons questionné sur le sujet. «Ils font partis des produits en forte demande. Le MSSS travaille intensément avec les grossistes et les fabricants de médicaments pour faire en sorte que les établissements de santé soient approvisionnés suffisamment pour soutenir la demande de soins», a affirmé un porte-parole du MSSS, Nicolas Vigneault.Le Dr Pierre Viens, un médecin de Portneuf qui pratique l’aide médicale à mourir. déplore le manque d'information concernant les réserves de propofol. «Comment se fait-il que nous ne savons pas combien il en reste ? Nous ne sommes pas capables d’avoir cette information. Pourtant, elle serait simple à obtenir puisqu’il n’y a pas de propofol à l’extérieur des centres hospitaliers, et le ministère est centralisé.»«On nous dit : faites attention, peut-être qu’il n’y en aura plus. Mais on ne nous dit rien d’autre. Le ministère entretient l’incertitude», rage le Dr Viens.Lire le document de l'INESSS

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