Aidez vos patientes à démystifier le SOPK

Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est fréquent et touche environ 10% des femmes en âge de procréer. De nombreux mythes circulent malgré tout sur cette condition, en particulier à propos de la fertilité. C’est un sujet qui doit être abordé de manière appropriée avec les patientes, qui ne savent peut-être pas que l’infertilité liée au SOPK peut généralement être traitée.«Dans mon cabinet, je vois des patientes chez qui le SOPK a été diagnostiqué il y a de nombreuses années et à qui l’on a dit qu’elles ne pourraient jamais être enceintes», signale la Dre Olexandra (Alex) Koshkina, endocrinologue au Women’s College Hospital et professeure adjointe à la faculté de médecine de l’Université de Toronto. «Pendant des années, elles ont pensé qu’elles ne pourraient jamais avoir d’enfants; cette idée n’a jamais été dissipée et on ne leur a jamais donné plus d’informations à ce sujet.»En finir avec les idées faussesLa majorité des femmes atteintes de SOPK qui souhaitent tomber enceintes peuvent y arriver. Alors que la plupart des couples mettent un an à concevoir, les patientes atteintes du SOPK mettent en moyenne deux ans, explique la Dre Shirin Dason, du département d’obstétrique et de gynécologie de l’Université de Toronto. Les Dres Dason et Koshkina sont les auteures principales d’un article paru en 2024 dans le Journal de l’Association médicale canadienne (JAMC) sur le diagnostic et la prise en charge du syndrome des ovaires polykystiques.Une grande partie des difficultés liées à la fertilité chez les patientes atteintes de SOPK est due à une ovulation peu fréquente. Certaines n’ont pas de règles ou ont des règles peu fréquentes, tandis que d’autres ont des règles régulières. «Le SOPK est un véritable spectre», observe la Dre Bryden Magee, professeure adjointe à l’Université d’Ottawa et médecin associée au Centre de fertilité d’Ottawa.Encouragez les patientes atteintes du SOPK qui ont des cycles irréguliers à demander de l’aide dès qu’elles souhaitent enfanter. «Essentiellement, je référerai la patiente après six mois d’essais, et c’est ce que je recommanderais aux autres médecins de faire», indique la Dre Koshkina.Favoriser la perte de poidsLa première recommandation pour aider les patientes à concevoir est d’encourager la perte de poids (si nécessaire). N’oubliez pas que les personnes atteintes de SOPK présentent souvent des taux plus élevés de dépression et de problèmes d’image corporelle, signale la Dre Dason. Lors de toute conversation sur la perte de poids, les médecins doivent s’assurer qu’ils «abordent la question de façon à soutenir la patiente».Les lignes directrices internationales 2023 pour l’évaluation et la prise en charge du SOPK fournissent des recommandations pour favoriser la perte de poids chez les patientes souffrant du syndrome, qui peuvent inclure un traitement pharmaceutique.En plus de conseiller une perte de poids et des habitudes de vie saines, les médecins peuvent collaborer avec les patientes pour favoriser l’ovulation. Les spécialistes de la fertilité peuvent prescrire du létrozole pour la stimuler. Les patientes prennent d’abord une dose standard pendant cinq jours, puis passent une échographie et des tests sanguins pour déterminer si elles ont ovulé. Si c’est le cas, le traitement peut se poursuivre jusqu’à ce que la patiente tombe enceinte. Dans le cas contraire, le médecin et la patiente peuvent envisager d’augmenter la dose.«Le létrozole réussit à induire l’ovulation chez 85% des femmes atteintes de SOPK. Il est rare que le traitement échoue, mais si c’est le cas, il existe d’autres options», souligne la Dre Magee. Celles-ci comprennent l’ajout de sensibilisateurs à l’insuline ou d’autres traitements décrits dans les lignes directrices internationales de 2023. Les spécialistes de la fertilité peuvent aussi recommander la fécondation in vitro. «La FIV est un traitement de fertilité très courant et très sûr qui est parfois nécessaire pour les patientes», indique la médecin.Lire aussi: Êtes-vous incollable sur le SOPK? (Quiz)Les symptômes courants du SOPK sont l’acné et les poils indésirables (hirsutisme). Pour les femmes qui ne souhaitent pas procréer, une pilule contraceptive combinée permet d’avoir des menstruations régulières et de traiter les symptômes d’excès d’androgènes ou de déséquilibre de la testostérone.Les jeunes sont souvent désireuses d’avoir des règles régulières et prennent une pilule contraceptive pour y parvenir, constate la Dre Dason. Il est important de savoir pourquoi elles veulent des menstruations régulières, que ce soit pour la contraception, pour prévenir le cancer de l’endomètre ou pour l’ovulation. Les femmes atteintes de SOPK peuvent avoir des règles régulières avec la pilule, mais ne pas ovuler régulièrement. «En fait, il ne s’agit pas de retrouver des cycles ovulatoires réguliers. C’est une idée fausse que je déconstruis souvent», note la Dre Dason.D’autres patientes ayant des règles plus abondantes et moins de symptômes de SOPK liés à la peau peuvent bénéficier d’un stérilet avec progestatif, selon la Dre Koshkina.Dépister d’autres pathologiesLes conditions normales de la puberté se superposent aux symptômes du SOPK (acné, peau grasse, cycles irréguliers). Les patientes peuvent commencer à prendre des pilules contraceptives pour contrôler les symptômes. Il s’agit d’un traitement approprié, mais il devrait être accompagné de conseils afin que lorsque les patientes cessent de prendre la pilule et que leurs cycles sont toujours irréguliers, elles ne tardent pas à passer un test de dépistage du SOPK et à demander de l’aide pour la conception.La Dre Magee dit qu’elle voit régulièrement des femmes âgées d’une vingtaine ou d’une trentaine d’années qui présentent des symptômes et qui n’ont jamais reçu un diagnostic clair de SOPK.Dès que le diagnostic est posé, il est important de dépister les pathologies associées au SOPK, notamment l’hypertension, le diabète, l’apnée du sommeil et le cancer de l’endomètre, recommande la Dre Magee. L’anxiété et la dépression sont également fréquentes.Comme pour d’autres sujets en santé, on trouve sur internet beaucoup d’informations erronées sur le SOPK. Suggérez à vos patientes de ne se fier qu’à des sites web de référence, comme celui de l'INSERM, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale en France. Vous pouvez aussi suggérer à vos patientes de télécharger l'application AskPCOS, qui contient des informations précises sur la maladie (en anglais).

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