Adieu papier! L’exemple d'une clinique de Mont-Laurier

L’informatisation des cliniques médicales au Québec est laborieuse. Par contre, ceux qui ont investi temps et argent au virage informatique semblent en récolter bien des bénéfices au quotidien. C’est le cas de la polyclinique La Lièvre à Mont-Laurier, dans les Laurentides.Le logiciel doit s’adapter aux habitudes du médecin et non l’inverse, expose d’entrée de jeu le Dr Luc Laurin, médecin de famille au GMF de La Lièvre, chef du DRMG des Laurentides et responsable de son comité informatique. « Quand une personne travaille d’une certaine façon depuis 30 ans, il faut que le logiciel soit adapté pour ne pas qu’elle ait à changer ses habitudes de travail », dit-il. Son équipe a donc choisi le logiciel « le plus convivial avec notre pratique actuelle », une solution informatique conçue par la compagnie québécoise KinLogix Medical (voir l’article « Un médecin informatise ses collègues » p.19). Grâce à cette solution, les médecins écrivent leurs notes sur une tablette PC. Leur façon de travailler reste donc la même, avec quelques avantages en prime puisque, par exemple, les allergies et les médicaments sont déjà informatisés.Les omnis trop peu informatisésEn janvier 2006, le Conseil canadien de la santé se donnait comme objectif de doter 100 % des Canadiens d’un dossier médical informatisé d’ici 2010… Force est de constater que nous sommes très loin du compte. Et ça ne va guère mieux dans les bureaux des médecins de famille. « Seulement 12 à 15 % des omnipraticiens utiliseraient un dossier médical électronique au Québec, alors qu’en Nouvelle-Zélande, ils le font tous ! » déplore le Dr Luc Laurin.Pratique et rapideLe Dr Laurin apprécie aussi pouvoir compléter ses dossiers et visionner les données de laboratoire et de radiologie quand il a quitté le bureau, chez lui ou même à l’étranger. Il peut vérifier le dossier d’un patient plus rapidement quand il reçoit un résultat, épargnant du temps à sa deuxième visite. Il estime qu’il travaille 10 à 15 % plus vite qu’avant.« Imaginez si, dans toute la province, les médecins pouvaient voir deux patients de plus chaque jour. C’est un bon moyen pour améliorer l’accessibilité aux soins », affirme-t-il.Tout doucement…La transition entre le papier et l’informatisation doit toutefois se faire en douceur et il faut s’en donner les moyens.Selon le Dr Laurin, la différence entre un échec et une réussite tient au soutien. Pour mettre toutes les chances de leur côté, les membres de son GMF ont investi dans cette approche en améliorant la puissance de leurs ordinateurs et en prenant le temps de former chaque personne à son rythme. « On ne peut pas demander à quelqu’un qui n’a jamais embarqué dans un avion de conduire un 747, explique le Dr Laurin. Certains ont commencé avec le prescripteur de médicaments. Mais maintenant, la majorité y ajoutent aussi leurs notes, les allergies et les antécédents de leurs patients. » Dès que les dossiers antérieurs seront numérisés, c’est toute la clinique qui sera « sans papier ». Cette opération devrait être complétée au cours de l’année. « On a sensibilisé l’Agence des Laurentides sur la numérisation des dossiers antérieurs et elle nous a accordé des sommes d’argent. » Il aura fallu, au total, deux ans et demi au GMF de La Lièvre pour supprimer tout papier de ses classeurs.Des surprisesL’informatisation de la clinique a réservé quelques surprises. « C’est curieux, mais ceux qui avaient le moins d’expérience en informatique se sont adaptés plus rapidement. » Et il y a encore matière à amélioration notamment pour s’assurer de solutions de rechange en cas de bris ou de panne de la connexion Internet. Afin de s’assurer de pouvoir communiquer avec le système et de ne pas perdre les horaires de rendez-vous, le GMF possède deux lignes Internet.L’avenir ? Un réseau local branchéIdéal dans un GMF, un tel logiciel permet à tous ses membres de savoir ce qui s’est passé lors des précédentes visites d’un patient, y compris lorsqu’il a été vu par un autre médecin ou une infirmière clinicienne. Cet avantage pourra être démultiplié quand les autres établissements de santé de la région s’informatiseront et que le dossier médical pourra être partagé avec tout le réseau local de services.« Nous avons des patients à domicile dont s’occupent aussi nos partenaires du CSSS ou du CLSC et s’ils bénéficiaient du même dossier électronique avec une communication Internet, ça nous éviterait de perdre beaucoup de temps », dit le Dr Laurin. Dès que les GMF des Laurentides maîtriseront les nouvelles façons de faire, il croit qu’il sera facile de faire de même avec les autres intervenants, à la condition bien sûr que « le gouvernement investisse ». Le comité informatique du DMRG des Laurentides travaille aussi sur le dépôt d’un projet des laboratoires qui pourrait aussi, dans un deuxième temps, aider à la communication avec les cliniques externes et permettrait d’avoir une meilleure communication entre tous les CSSS.Si le Dr Laurin juge que sa région avance dans la bonne direction, il s’interroge sur l’avenir du Dossier Santé Québec (DSQ). Le médecin a quelque peu l’impression « qu’on bâtit la toiture avant le soubassement ». Il se demande s’il n’aurait pas été plus efficace de partir de la base en s’appuyant sur le dossier électronique et de retransmettre ses informations dans un dépôt régional capable de communiquer avec les autres dépôts régionaux. En attendant, son GMF est maintenant équipé et «dès que le DSQ sera prêt, on pourra se greffer dessus ».Mais pourquoi un dossier médical électronique ?Le Collège des médecins de famille du Canada a mis en ligne des fiches sur les dossiers électroniques. Il présente tout un éventail de services qui peuvent s’y rattacher. Les cinq services suivants montrent l’étendue possible des applications.Des outils d’apprentissage pour aider les médecins dans leur développement professionnel continu;Des systèmes d’avertissement et d’alerte dans la gestion des médicaments;Une aide à la prise de décisions cliniques pour les médecins ou les groupes de médecins;Un accès à des données interrogeables pour des fins de recherche ou autres;Un dépôt central de toutes les sources d’information entourant la santé des patients.Pour consulter ces fiches, rendez-vous à l’adresse suivante :toolkit.cfpc.ca/fr/information-technology/index.php

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