Accès à l'AMM: encore des efforts à faire, constate le Collège des médecins

Alors que l’affaire Cadotte a remis à l’avant-scène le dossier de l’aide médicale à mourir (AMM), le Collège des médecins du Québec (CMQ) déplore que plusieurs patients peinent à avoir accès à des soins médicaux en fin de vie. Mauril Gaudreault, président du Collège des médecins du Québec.Dans une lettre de rappel aux membres du CMQ, le président, Mauril Gaudreault, et le secrétaire, Yves Robert, affirment que, plus de cinq ans après l’adoption de la Loi concernant les soins de fin de vie à l'Assemblée nationale, les demandes d’aide médicale à mourir ne reçoivent pas toujours l’attention ni le suivi prévus par la loi.«Malgré le chemin parcouru depuis cinq ans, il y a encore des efforts à faire pour assurer l’accès à des soins médicaux en fin de vie approprié et de qualité, et ce, partout au Québec», observent-ils.Ceux-ci ont pris connaissance de plusieurs témoignages de patients et de leurs familles qui démontrent que les demandes d’AMM «ressemblent parfois encore au parcours du combattant».Si l’accès à l’aide médicale à mourir peut être si pénible, le manque de compréhension de cette loi y est pour beaucoup. «Nous avons reçu des témoignages selon lesquels des patients s’étaient fait dire qu’ils étaient encore capables de manger et de boire ou qu’ils ne souffraient pas assez pour formuler une telle demande», indiquent les auteurs de la lettre.Or, le législateur a bien spécifié que c’est la personne elle-même qui juge du niveau de tolérance de sa souffrance, poursuivent-ils.«Il y a encore beaucoup de formation à faire et d’explications à donner aux patients comme aux soignants.»Présenter l’option au patientSi le patient n’en fait pas la demande, le médecin peut toujours présenter l’option de soins médicaux de fin de vie au moment jugé opportun, rappelle le CMQ. «Contrairement à ce qui circule dans certains milieux, le médecin peut aborder ce sujet même si le patient ne le fait pas spontanément», expliquent Mauril Gaudreault et Yves Robert.À ce moment, le médecin ne peut invoquer l’objection de conscience pour éluder cette question.Cette objection de conscience, prévue dans la loi et le Code de déontologie des médecins, a une portée limitée à l’administration de l’AMM, souligne le Collège des médecins. «Il y a un devoir minimal d’information et d’assistance auquel médecin ne peut se soustraire et qui vise à ce que le patient puisse bénéficier de ses droits de façon libre et éclairée.»À LIRE AUSSI: AMM: Plus du tiers des demandes admissibles n’ont pas été administrées Si le médecin ne peut pas traiter la demande, il doit l’acheminer à la personne désignée par l’établissement de résidence du patient, et cet établissement doit assurer le suivi requis, précise-t-on.Une augmentation du recours à l’AMM?Dans la foulée du jugement de Michel Cadotte, reconnu coupable de l’homicide involontaire de sa femme qui souffrait d’un stade avancé de la maladie d’Alzheimer, le gouvernement Legault a laissé entendre qu'il voulait élargir l’accès à l’aide médicale à mourir aux personnes inaptes.Évidemment, cette décision contribuera à augmenter la demande pour tous les soins médicaux en fin de vie, y compris l’aide médicale mourir, soulignent le président et le secrétaire du CMQ. «La profession médicale sera interpellée et devra s’adapter à cette demande.»En attendant cette révision de la loi, le CMQ invite les établissements de santé à prévoir des mécanismes de communication simples pour les patients afin que ces derniers puissent signaler les problèmes d’accès aux soins de fin de vie.

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