<em>60 Minutes</em> rencontre les infirmières qui ont traité le premier cas américain d'Ebola

L’infirmière Sidia Rose était terrorisée à l’idée de soigner le premier patient infecté par la fièvre Ebola à se trouver en sol américain dans le cadre de l'épidémie qui fait présentement rage en Afrique de l'Ouest. « Mais je n’ai pas laissé la peur me submerger. »L’émission américaine 60 Minutes a diffusé le 26 octobre un reportage sur le rôle qu’ont joué les infirmières d’un hôpital du Texas pour tenter de sauver la vie à Thomas Eric Duncan, qui est décédé le 8 octobre des suites de la virulente fièvre hémorragique.L’arrivée du patient aux États-UnisThomas Duncan a quitté le Liberia, un pays d'Afrique de l'Ouest, le 19 septembre dernier. Il voulait retrouver sa conjointe qui habite à Dallas, dans l’État du Texas.Quelques jours avant son départ vers les États-Unis, Thomas Duncan a aidé à transporter à l'hôpital une patiente enceinte qui était gravement malade. Cette jeune femme est décédée quelques jours plus tard des virulents symptômes de l’Ebola.Le soir du 25 septembre, Thomas Duncan s’est présenté à l’Hôpital presbytérien de Dallas. Sa température était élevée et il souffrait de maux de tête, d’étourdissements, de nausées et de douleurs abdominales.L’infirmière au triage lui a demandé s’il revenait de voyage. Il a répondu qu’il était arrivé quelques jours plus tôt de l’Afrique, mais il n’a pas spécifié le Liberia, l’un des pays les plus touchés par l’épidémie actuelle d'Ebola.Le médecin qui a examiné Thomas Duncan n’a pas vu cette information dans le dossier médical électronique et les premiers examens de laboratoire n’ont pas montré la présence du virus. Le médecin lui a donc donné son congé de l’hôpital en lui prescrivant de l’acétaminophène et des antibiotiques.L’état de Thomas Duncan se dégradeLe 28 septembre, Thomas Duncan a été transporté par ambulance à l’hôpital vers 10 heures du matin. Son état de santé s'était fortement dégradé.En une quinzaine de minutes, l’équipe médicale a mis en place le protocole pour un patient atteint possiblement de l’Ebola. À l'urgence, le patient s’est mis à vomir et à souffrir de diarrhées violentes.« En vingt ans de carrière, je n’ai jamais vu un patient produire autant de liquide biologique à cause d’une maladie », a confié à 60 Minutes l’infirmier John Mulligan.L’équipe d’infirmières entre en jeuÀ l’urgence, c’est l’infirmière Sidia Rose qui a été affectée au contact direct avec Thomas Duncan durant les premières heures suivant son admission.« J’étais terrorisée, mais je suis pleinement consciente des risques inhérents à ma profession d’infirmière, a expliqué Sidia Rose au journaliste de 60 minutes. Je suis allée le voir et je lui a dit que je serai son infirmière pour les prochaines heures. »À ce moment, le protocole des autorités de santé publique américaines nécessitait que les professionnels de la santé portent deux blouses, deux paires de gants, un masque chirurgical, une visière et des surchausses, mais certaines parties du corps étaient dégagées. Ce protocole a été fortement rehaussé au cours des semaines suivantes.Le 29 septembre, Thomas Duncan a été transféré de l’urgence à l’unité des soins intensifs. Les autres patients aux soins intensifs ont été déplacés sur un autre étage de l’hôpital. Le 30 septembre, les résultats des examens de laboratoire ont confirmé qu’il souffrait bel et bien de l’Ebola.Malgré un resserrement drastique des mesures de sécurité et de salubrité, deux infirmières de l’hôpital, Nina Pham et Amber Vinson, ont contracté la fièvre après avoir soigné Thomas Duncan. Les deux infirmières ont cependant réussi à vaincre la maladie et elles ont récemment pu retourner à la maison.La mort du patientThomas Duncan n’a pas connu un sort aussi heureux. Après quelques jours d’accalmie, son état de santé s'est rapidement détérioré à compter du 4 octobre. Il a été intubé le 5 octobre.« Nous lui tenions la main et nous tentions de le consoler, car personne autre que nous avait accès à lui », a souligné John Mulligan au journaliste de 60 minutes.« Il pleurait. J'ai essuyé ses yeux avec un mouchoir et je lui ai dit qu’il allait s’en sortir, mais 15 minutes plus tard, il n’avait plus de signes vitaux, a poursuivi l’infirmier, visiblement ému. C’est le pire jour de ma vie. Nous nous sommes battus avec lui, mais nous avons perdu notre combat contre la maladie. »« Et il est mort seul, sans même pouvoir voir sa famille », a ajouté John Mulligan.Le personnel soignant a ensuite dû composer avec une période d’isolement et de multiples examens de laboratoire avant que les autorités de santé publique confirment qu’ils n’ont pas contracté la fièvre.L'épidémieEnviron 120 professionnels de la santé de l'hôpital ont également dû subir des examens pendant trois semaines afin de s'assurer qu'ils n'aient pas contracté la maladie. À l'extérieur, le patient aurait eu des contacts directs avec au moins une cinquantaine de personnes durant son bref séjour aux États-Unis.La semaine dernière, les médias américains ont fait état d'un nouveau cas d'Ebola, cette fois à New York. Ce médecin était allé en Afrique pour aider à endiguer l'épidémie. Bien qu'il ait déclaré aux autorités new-yorkaises qu'il était resté à la maison à son retour, une analyse de sa carte de métro a montré qu'il avait au contraire pris le transport en commun à plusieurs reprises entre le moment de son arrivée aux États-Unis et lorsqu'il s'est présenté à l'hôpital avec des symptômes.En Afrique, la situation reste aujourd'hui dramatique. Selon l’Organisation mondiale de la santé, près de 14 000 cas d’Ebola ont été diagnostiqués depuis le début de cette nouvelle épidémie. La presque totalité des cas rapportés se trouvent au Liberia, au Sierra Leone et en Guinée. Dans ces trois pays, environ 70 % des patients qui ont contracté la maladie sont morts.Pour voir le reportage de 60 Minutes.

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