468 décès en 2009-2010: Le taux d’incidence des diarrhées associées à Clostridium difficile se maintient au niveau le plus bas

À la suite de l’épidémie provinciale de diarrhées associées à la bactérie Clostridium difficile (DACD) qui avait frappé le Québec vers le milieu des années 2000, entraînant la mort de plusieurs centaines de personnes, les autorités avaient pris un train de mesures pour réduire ce risque de complications majeures. Il semble aujourd’hui que les nombreux moyens et normes mis en place dans le réseau de la santé aient porté leurs fruits. L’épidémie semble avoir été maîtrisée et contenue. C’est ce qu’affirme l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) dans un rapport intitulé Surveillance des diarrhées associées à Clostridium difficile au Québec, bilan du 16 août 2009 au 14 août 2010, qui a été rendu public il y a quelques semaines.Durant la sixième année de surveillance, à savoir 2009-2010, le taux d’incidence provincial des DACD s’est maintenu au niveau le plus bas jamais observé depuis la mise en place de ce programme d’observation. Ce niveau a été atteint lors de la quatrième année de surveillance et il est resté relativement stable depuis.Dans l’ensemble, des diminutions de taux d’incidence par rapport aux années antérieures ont été observées en 2009-2010. Dans le quart des hôpitaux, les taux sont restés inchangés. Ce sont surtout les installations non universitaires de petite taille qui présentent le plus de problèmes de DACD.Programme de surveillanceLa surveillance des DACD couvre 95 installations de la province : hôpitaux de soins généraux et spécialisés, six centres de réadaptation et deux centres de pédiatrie. Elle s’étend à 1000 admissions en soins de courte durée, excluant la psychiatrie, la pouponnière et la néonatalogie.La saisie des complications liées à C. difficile est volontaire depuis 2005-2006. La saisie des décès à 10 jours et à 11-30 jours sans indication de cause est obligatoire depuis le 16 août 2009. Au cours de la sixième année de surveillance, soit2009-2010, 609 830 admissions et 5 097 192 jours-présence ont été rapportés par l’ensemble des95 installations participantes.Résultats de l’enquêteL’an dernier, un total de 4567 cas de DACD a été déclaré par ces 95 établissements ou sites, ce qui représente une très légère hausse par rapport à 2008-2009 (4523) et 2007-2008 (4417). Au plus fort de la crise de 2004 à 2007, le nombre de cas avait atteint un sommet de 8863. C’est dire qu’en quatre ans on a assisté à une diminution de près de 50 %.Les 4567 cas répertoriés en 2009-2010 provenaient de souches diverses :3167 (69,3 %) étaient d’origine nosocomiale liée à l’installation déclarante.593 (13 %) étaient d’origine nosocomiale associée à une autre installation, à des soins ambulatoires ou à des unités exclues de la surveillance.558 (12,2 %) étaient d’origine présumée communautaire.249 (5,5 %) étaient d’origine non précisée.Depuis 2004, les cas de DACD d’origine nosocomiale présentent des variations saisonnières. Les taux d’incidence les plus élevés sont observés durant l’hiver et les plus bas, durant l’été. En 2009-2010, toutefois, le plus bas taux a étéatteint entre le 13 septembre et le 10 octobre.ComplicationsMême si elles ont diminué en nombre au fil des ans, les diarrhées associées à C. difficile d’origine nosocomiale continuent d’avoir des complications majeures et de provoquer beaucoup de décès. L’an dernier, elles ont entraîné la mort de 468 personnes (16,2 % parmi les 2888 cas analysés), exigé 40 colectomies (1,4 %), 132 réadmissions (4,6 %) et 86 admissions aux soins intensifs (3 %).Le nombre de décès, s’il demeure élevé, a néanmoins chuté de plus de 50 % par rapport à 2004-2005, comme le montrent les chiffres tirés du rapport de l’INSPQ :AnnéeNombre de décès2004-20051 0342005-20065222006-20075612007-20082992008-20094572009-2010468Une chose ne change pas toutefois au fil des ans : le pourcentage de patients qui meurent de DACD par rapport à ceux qui les contractent reste élevé. Ce pourcentage s’élevait à 16,2 % en 2009-2010, comparativement à 15,5 % en 2008-2009, à 14,8 % en 2005-2006 et à 17,8 % en 2004-2005.Importants écarts provinciauxLe Saguenay–Lac-Saint-Jean affiche le meilleur bilan, l’Outaouais et Chaudière-Appalaches arrivent au dernier rangLes taux d’incidence des diarrhées associées à la bactérie Clostridium difficile (DACD) présentent des écarts importants d’une région sociosanitaire à une autre. Au cours de la sixième année de surveillance, soit 2009-2010, c’est la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean qui affichait le meilleur bilan dans tout le Québec avec un taux d’incidence de jours-présence de 2,7. Elle précédait la Capitale-Nationale (2,8) et l’Estrie (3,0).À l’opposé, Chaudière-Appalaches et l’Outaouais venaient au dernier rang avec un taux d’incidence de 8,6. Ces deux dernières régions étaient suivies par la Mauricie–Centre-du-Québec (7,2) et Montréal (7,1).En ce qui concerne le nombre de cas rapportés, Chaudière-Appalaches a connu une forte augmentation en 2009-2010. Durant cette année, elle a relevé 142 cas d’infection, en hausse de 41 cas par rapport à l’année précédente (101). Il s’agissait de sa plus mauvaise performance depuis 2004-2007. L’Estrie, l’Outaouais, la Côte-Nord et Lanaudière ont aussi enregistré une augmentation du nombre de cas.À l’autre extrémité, le Bas-Saint-Laurent a connu une baisse appréciable. Les cas ont diminué de 91 à 66 de 2008-2009 à 2009-2010. L’Abitibi-Témiscamingue a fait tout aussi bien. Les cas ont chuté de 85 à 52 durant la même période.Le tableau suivant présente l’évolution du nombre et du taux d’incidence des cas de diarrhées d’origine nosocomiale par 10 000 jours-présence dans les principales régions sociosanitaires de la province depuis 2004-2007 jusqu’à 2009-2010.Évolution du nombre et du taux d’incidence des cas de diarrhées d’origine nosocomialepar 10 000 jours-présence2004-20072007-20082008-20092009-2010NombreIncidenceNombreIncidenceNombreIncidenceNombreIncidenceBas-Saint-Laurent2997,41037,6916,7665,0Sag.–Lac-Saint-Jean 2393,5612,8612,7572,7Capitale-Nat.190411,64477,45399,54642,8Mauri.-Centre-Qc2997,42689,82228,11987,2Estrie 2393,5613,0502,4613,0Montréal190411,613387,413527,312837,1Outaouais2997,41488,61247,21518,6Abiti.Témis 2393,5283,2859,5525,8Côte-Nord190411,6112,5112,1203,9Gaspé-Îles-Mad. 2997,4325,7244,3213,7Chaud. Appala. 2393,51106,71106,21428,6Laval190411,6894,6713,6693,5Lanaudière 2997,4713,8633,3844,6Laurentides 2393,51848,61476,91406,8Montérégie190411,62654,33305,23114,9Source : INSPQ, Surveillance des diarrhées associées à Clostridium difficile au Québec. Bilan du 16 août 2009 au 14 août 2010, p. 12.

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