4 questions à un expert: L'adhésion pharmacologique

Line Guénette, B. Pharm., M. Sc., Ph. D., professeure agrégée, Faculté de pharmacie, Université Laval, chercheure, Axe Santé des populations et pratiques optimales en santé, Centre de recherche du CHU de Québec1 | Quelles sont les avancées en matière d’approche ?Comme dans d’autres sphères de la médecine, on est passé d’une approche paternaliste à une approche centrée sur le patient et ses préférences en ce qui concerne l’adhésion aux traitements. Les définitions les plus récentes de ce concept incluent des notions de participation du patient au processus de décision, également d’entente entre le patient et le prescripteur concernant les recommandations thérapeutiques, ce qui n’était pas le cas auparavant.Par ailleurs, on distingue maintenant trois composantes de l’adhésion au traitement médicamenteux : l’initiation, la persistance et l’observance. L’initiation réfère à l’acquisition initiale du médicament et aux premières prises. La persistance concerne les acquisitions subséquentes et le fait de continuer à prendre le traitement dans le temps. L’observance renvoie à la prise de toutes les doses selon la posologie et les recommandations prescrites.2 | Comment détermine-t-on la problématique ?Il faut poser des questions ouvertes et sans jugement, qui ciblent différentes composantes : « Comment ça se passe avec votre traitement ? Avez-vous des difficultés à le prendre ? » On obtient ainsi un aperçu des causes sur lesquelles il faudra intervenir.Le pharmacien est bien placé pour définir cette problématique. En plus des difficultés et des inquiétudes qui peuvent lui être rapportées par le patient, il a accès à l’historique des renouvellements dans son dossier. Cela lui permet de repérer des ordonnances non réclamées ou des écarts entre les renouvellements. Avec le DSQ, les autres cliniciens peuvent aussi vérifier si des médicaments prescrits ont été achetés.Il faut savoir qu’il n’y a pas de profil type d’un patient qui n’adhère pas à son traitement. De plus, comme l’adhésion peut varier dans le temps pour un même médicament ou selon le médicament pris, il importe de la vérifier fréquemment chez tous les patients.3 | Quel est l’abc de l’approche thérapeutique ?Pour intervenir chez les personnes non adhérentes, il faut identifier la cause afin de choisir l’approche appropriée. On peut classer ces causes en trois grandes catégories :1) Savoir : la personne a-t-elle les connaissances nécessaires sur son traitement pour bien y adhérer ?2) Vouloir : a-t-elle la motivation nécessaire ?3) Pouvoir : rencontre-t-elle des obstacles dans la prise de son traitement ?Dans le premier cas, les interventions visent à vérifier les connaissances, à les corriger, à les renforcer ou à les compléter. Dans le deuxième cas, lorsque la motivation est en jeu, on mise sur l’entretien motivationnel et sur les techniques de communication pour que la personne énonce elle-même ses raisons de changer. Dans le dernier cas, on identifie les barrières qui peuvent être de plusieurs ordres (p. ex. : un effet indésirable, une tendance à oublier, un coût élevé). Enfin, on trouvera une solution en adéquation avec le ou les obstacles en question, en partenariat avec le patient.4 | Sur quoi la recherche concentrera-t-elle ses efforts à l’avenir ?Après des années de recherche décrivant la problématique et ses conséquences, on se concentre maintenant sur les interventions afin d’améliorer la situation. Les chercheurs travaillent notamment à mettre au point des outils intégrés aux logiciels de pharmacie et aux dossiers médicaux électroniques pour faciliter la mesure de l’adhésion. On travaille aussi à y intégrer des algorithmes soutenant les interventions cliniques.Révision : Diane Poirier, M. D., M. Sc., chef du service des soins intensifs, Hôpital Honoré-Mercier, professeure d’enseignement clinique, Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke et présidente, Médecins francophones du CanadaVrijens B, De Geest S, Hughes DA, et coll. A new taxonomy for describing and defining adherence to medications. Br J Clin Pharmacol. 2012; 73: 691-705.Mayer C. La non-adhésion au traitement : une perspective psychologique et communicationnelle. Québec Pharmacie, août 2007.

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