Asthme sévère: les Canadiens surutiliseraient les corticostéroïdes oraux

Selon les premiers résultats d’une étude quantitative financée par le laboratoire pharmaceutique GlaxoSmithKline (GSK), les Canadiennes et Canadiens qui souffrent d’asthme sévère et non maîtrisé continuent d’utiliser de manière «importante» des corticostéroïdes oraux (CSO) pour traiter leur condition. Ces derniers sont «cependant connus pour augmenter le risque d’effets indésirables à court et à long terme, même à faibles doses», souligne le communiqué de GSK qui précise que «d’autres médicaments, comme les médicaments biologiques injectables, peuvent être utilisés» et que ceux-ci «ont démontré leur capacité à réduire l’utilisation des CSO».Dénommée ALERT, pour «chAracterizing uncontroLled sevERe asThma in Canada», l’étude en question a été menée en en collaboration avec Asthme Canada, la Dre Susan Waserman, directrice du département d’immunologie clinique et d’allergie de l’Université McMaster, et la Dre Andréanne Côté, pneumologue à l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec (IUCPQ). Elle s’appuie sur la base de données nationale sur les régimes privés d’assurance médicaments de la firme IQVIA, le leader mondial de la collecte et de l’analyse des données médicales. À lire aussi: Testez vos connaissances sur l’asthmeALERT a examiné les habitudes en matière d’ordonnances pour les CSO et les médicaments biologiques d’avril 2020 à juin 2023 pour le traitement de l’asthme sévère non maîtrisé qui a été défini comme «un asthme sévère nécessitant au moins deux ordonnances de CSO au cours d’une période d’observation d’un an, ce qui indique une mauvaise maîtrise (de la maladie) malgré les traitements standard».Selon Asthme Canada, jusqu’à 250 000 personnes souffrent d’asthme sévère au pays, ce qui représente 5 à 10% de la population asthmatique.Voici les principales conclusions de l’étude de GSK1, qui ont été dernièrement présentées à la conférence annuelle de l’American College of Chest Physicians et au congrès de l’European Respiratory Society:7,5% des patients atteints d’asthme ont été classés comme souffrant d’asthme sévère.Parmi les patients atteints d’asthme sévère, 12,7% ont été classés comme souffrant d’asthme sévère non maîtrisé.72% des patients atteints d’asthme sévère non maîtrisé ne recevaient pas de traitement biologique disponible.40% des patients atteints d’asthme sévère non maîtrisé ont reçu au moins quatre traitements par des CSO.Au regard de ces résultats, la Dre Andréanne Côté estime «consternant d’observer un taux aussi élevé de surutilisation des CSO à une époque où les options de traitement de l’asthme sont si nombreuses». Selon la pneumologue citée dans le communiqué de GSK «une meilleure identification des patients non maîtrisés et un accès plus facile à l’optimisation du traitement devraient être une priorité absolue dans la prise en charge de ces patients.»Sa consœur la Dre Susan Waserman déclare pour sa part que «reconnaître la surutilisation alarmante des CSO est un pas en avant pour sensibiliser les médecins et les patients aux autres options de traitement pour la prise en charge de l’asthme. Une éducation plus poussée pourrait favoriser l’adoption de ces traitements afin d’optimiser les résultats».Des alternatives biologiquesAu Canada, les CSO (comme la prednisone, la méthylprednisolone et l’hydrocortisone) ont historiquement occupé une place importante dans la gestion de l’asthme sévère, en complément des corticostéroïdes inhalés, pour sa maîtrise et/ou en cas de crise aigüe. Toutefois, les CSO peuvent entraîner certains effets indésirables et des complications. Dans une prise de position publiée en 2021 relative à la surconsommation des CSO, Asthme Canada rapportait ainsi que «même utilisés sur de courtes périodes (moins de 30 jours) ou à de faibles doses», les CSO peuvent engendrer de la rétention d’eau, de l’hypertension artérielle, des problèmes de sautes d’humeur, de mémoire et de comportement, des maux d’estomac ou encore une prise de poids susceptible d’aggraver la maladie. L’organisme citait également une étude portant sur 808 personnes atteintes d’asthme sévère qui a permis de déterminer que «93% d’entre elles présentaient une ou plusieurs affections dues aux corticostéroïdes oraux, dont le diabète de type II, l’ostéoporose, les troubles dyspeptiques et la cataracte».Lire aussi: De l’intérêt de dépister puis de traiter l’asthme et la MPOCAu cours de la dernière décennie, plusieurs médicaments biologiques ont été approuvés par Santé Canada pour le contrôle de l’asthme sévère, tels l’omalizumab, le reslizumab, le mépolizumab, le dupilumab et le benralizumab. Ils constituent une alternative aux corticostéroïdes oraux.Pour le président et directeur général d’Asthme Canada, Jeffrey Beach, il est donc «essentiel de continuer à éduquer les patients et les professionnels de la santé sur ces options de traitement pour protéger les patients contre la surutilisation des CSO».Outre la célèbre Ventoline, le laboratoire GSK est le fabricant du NucalaMD (mépolizumab) qui a été approuvé en 2020 par Santé Canada au titre de «médicament d’appoint pour le traitement d’entretien de l’asthme éosinophile sévère chez les adultes, les adolescents et les enfants âgés de 6 ans ou plus». En début d’année, le géant pharmaceutique britannique a acquis pour 1,4 milliard de dollars la société américaine Aiolos Bio qui développe un nouvel anticorps monoclonal à action prolongée pour traiter l’asthme.1Un résumé de l'étude ALERT sera publié dans l'European Respiratory Journal en novembre 2024.

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