Lipoprotéine (a): ce facteur de risque cardiovasculaire méconnu

Sur la base de recherches associant des taux élevés de lipoprotéine a (Lp(a), communément appelée Lp «petit a») à un risque accru de maladies cardiovasculaires, certains chercheurs recommandent aux médecins de mesurer le taux de Lp(a) au moins une fois au cours de la vie de leurs patients.Cette recommandation est notamment formulée par le Dr Husam Abdel-Qadir, épidémiologiste et chercheur clinicien à l’Université de Toronto ainsi qu’à l’institut de recherche de l’hôpital général de Toronto.«Ce que nous avons constaté, c’est que les niveaux de Lp(a) sont plus élevés chez les personnes noires», a indiqué Dr Abdel-Qadir, qui a présenté sa recherche lors d’une session du 16e symposium annuel sur la santé de la Black Physicians Association of Ontario (BPAO), en février. Selon lui, le niveau Lp(a) est un héritage génétique et constitue un facteur de risque courant pour les maladies cardiovasculaires. Testez vos connaissances! Quiz: Pensez-vous tout savoir sur la lipoprotéine (a) ou Lp(a)?Au niveau moléculaire, le Dr Abdel-Qadir a précisé que la Lp «petit a» est constituée d’un noyau lipidique semblable à celui des lipoprotéines de basse densité (LDL), qui captent le cholestérol excédentaire, des triglycérides, des phospholipides ou encore de l’apolipoprotéine b. La différence réside dans la présence de l’apolipoprotéine a, qui est codée par le gène de l’APL et qui comprend 10 sous-types de kringle IV, y compris le kringle IV-2, et ses répétitions successives.Le Dr Abdel-Qadir explique que ces répétitions sont codées génétiquement et que leur taille est liée au risque cardiovasculaire. «Ce n’est pas si nouveau, nous le savions déjà, mais nous en prenons de plus en plus conscience», signale le médecin. Selon sa présentation, le niveau de Lp(a) est déterminé génétiquement selon l’origine ethnique et les niveaux les plus élevés sont observés dans les populations noires, tandis que les niveaux les plus bas sont observés chez les Asiatiques de l’Est et les personnes d’origine européenne. «Les personnes présentant les 5% de Lp(a) les plus élevés ont trois fois plus de risques de crise cardiaque, trois fois plus de risques de sténose de la valve aortique et un risque plus élevé d’infarctus du myocarde», a énoncé le Dr Abdel-Qadir. Selon les données citées par le clinicien, issues des études de risque cardiovasculaires dans la population de la ville de Copenhague, les personnes ayant plus de 90 milligrammes par décilitre (mg/dL) ou 190 nanomoles par litre (nmol/L) de Lp «petit a» se situent dans les 5% les plus élevés en termes de concentrations. Les personnes ayant des niveaux plus faibles ont un risque plus élevé de diabète, a observé le Dr Abdel-Qadir. «Mais c’est quelque chose que nous ne comprenons pas actuellement.»Lire aussi: Une étude implique l'effet fondateur dans certaines maladies cardiaquesImplicationsLa Lp(a) n’est absolument pas influencé par le mode de vie, poursuit le Dr Abdel-Qadir, qui a ajouté que les interventions connexes telles que l’arrêt du tabac, l’adoption d’un régime alimentaire à base de plantes, la perte de poids et l’exercice physique n’ont produit aucun changement dans la réduction des taux de Lp(a). Bien qu’il existe des médicaments en cours de développement, tels que les traitements à base d’acide ribonéulique (ARN) comme le Pelacarsen, qui a montré une réduction de 80% des niveaux de Lp(a), beaucoup de thérapies sont encore en cours de développement clinique, a-t-il précisé. Les résultats des essais cliniques de phase 3 du Pelacarsen sont attendus entre 2025 et 2026.Les inhibiteurs de la protéine convertase subtilisine/kexine 9 (anticorps anti-PCSK9) ont également montré qu’ils réduisaient les taux de Lp(a), mais selon le Dr Abdel-Qadir, ce n’est pas une raison pour commencer à les utiliser en 2024 en l’absence d’indications fiables. ConseilsLe Dr Abdel-Qadir recommande aux médecins de suivre les lignes directrices 2021 de la Société canadienne de cardiologie pour la prise en charge de la Lp(a) et la prévention des maladies cardiovasculaires chez les adultes.Ces lignes directrices suggèrent aux médecins de: Mesurer le taux de Lp(a) une fois dans la vie d’une personne dans le cadre du dépistage initial des lipides.Fournir rapidement des conseils intensifs pour modifier les comportements de santé et gérer d’autres facteurs de risque de maladies cardiovasculaires pour tous les patients ayant un taux de Lp(a) de 50 mg/dL ou plus (100 nmol/L).Lorsqu’ils traitent des patients noirs, le Dr Abdel-Qadir invite les médecins à ne pas oublier qu’il existe des différences dans la génétique noire en fonction de l'appartenance ethnique. Dans le cadre d’un projet de recherche qui sera publié dans le courant de l’année, il a examiné de plus près les différences biologiques entre les différentes ethnies de la population noire. «On ne peut pas mesurer la génétique en fonction de la race, mais en fonction de l’ethnicité et de la géographie», a souligné le médecin.

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