Les résidentes en médecine sont confrontées à un risque disproportionné de complications de grossesse

Les résidentes en médecine courent un risque disproportionné de complications de grossesse, mais un congé parental plus long peut être bénéfique à la fois pour la mère et pour l’enfant. C’est ce que révèlent les conclusions d’une nouvelle étude présentée le samedi 21 septembre à Ottawa par des chercheurs du Baylor College of Medicine de Houston, lors de la Conférence internationale sur la formation des résidents. Cette étude est intitulée From the Stork's Eye View: A Narrative Review of the Trainee Experience From Pregnancy to Postpartum and Beyond. Les chercheurs y passent en revue 42 études réalisées entre 1990 et 2023 portant sur l’expérience de la grossesse et du post-partum des médecins résidentes pendant leur formation.Les chercheurs ont constaté dans la littérature qu’entre 34% et 74% des résidentes en médecine qui tombent enceintes connaissent des complications au cours de leur grossesse. Dans la population générale, le taux de complications est d’environ 8%.Le taux de fausses couches était en moyenne de 16% chez les résidentes, contre 12,3% dans la population générale. Le taux de retard de croissance fœtale était également de 8,3% en moyenne, comparé à 4,45% dans la population générale.«Bien que les données varient, il semble que les résidentes en médecine soient exposées à un risque disproportionné de diverses complications de la grossesse, en particulier les fausses couches, les troubles hypertensifs et le retard de croissance intra-utérin», a signalé lors de sa présentation la Dre Victoria Mitre, coauteure de l’étude.Parmi les facteurs de risque identifiés par les chercheurs figurent le fait de travailler plus de 10 heures par jour au cours du deuxième trimestre, d’effectuer six gardes de nuit par mois et de travailler huit heures par jour en salle d’opération. «Ces données sont cohérentes avec les études réalisées en dehors de la médecine, qui détaillent l’association entre les longues heures de travail, les stations debout prolongées et le travail de nuit, et le risque accru de complications obstétriques», a observé la Dre Mitre.Des congés plus longs recommandésLes chercheurs affirment que la littérature est cohérente en ce qui concerne les avantages de congés de maternité plus longs. Parmi les résidentes en médecine qui ont eu moins de huit semaines de congé, 70% ont été dépistées positives pour la dépression post-partum, comparé à 30% chez celles qui ont eu des congés plus longs. Ces derniers ont également été associés à de meilleurs taux d’allaitement, puisque 89% des résidentes ayant bénéficié d’un congé de plus de huit semaines ont allaité à six mois, contre 33% des résidentes ayant bénéficié d’un congé plus court.«Seul un tiers des femmes médecins ont déclaré avoir allaité plus de 12 mois, et la majorité d’entre elles auraient souhaité allaiter plus longtemps. Les obstacles cités sont le manque de temps, le manque d’espace et la diminution de la production de lait», a signalé la Dre Mitre. Des études américaines ont montré que 69 à 80% des résidentes estimaient que leurs congés étaient suffisants. Au Canada, une recherche a montré que seule une résidente sur neuf était satisfaite de la durée de son congé parental.Au pays, les médecins résidentes ont droit à 17 semaines de congé de grossesse ainsi qu’à 35 semaines supplémentaires de congé parental, tandis que les résidentes américaines ont droit à six semaines de congé de grossesse. Les provinces canadiennes ont également des politiques antepartum variables qui permettent aux résidentes en chirurgie d’être exemptées du travail de nuit ou de gardes dans les derniers stades de leur grossesse. Cependant, selon la Dre Mitre, si ces politiques «peuvent être utiles, la littérature montre que lorsqu’elles sont en place, elles ne sont souvent pas appliquées ou que les gens ne les connaissent pas».Lire aussi: Premier jour d’école: la résidenceLa médecin note que parmi les défis à relever pour résoudre ce problème figurent les pénuries de personnel dans les hôpitaux, qui sont exacerbées lorsque les résidents prennent des congés, ainsi que la pression exercée sur les résidents pour qu’ils remplissent leurs obligations en matière de formation et de compétences dans les délais impartis.«Ce n’est un secret pour personne que les hôpitaux comptent sur les résidents pour combler leurs besoins en personnel, et l’absence d’un résident a donc un impact sur la formation de ses collègues en alourdissant leur emploi du temps clinique déjà surchargé. Les résidents du monde entier s’inquiètent de l’impact de leur congé sur la charge de travail de leurs pairs», a relevé la Dre Mitre.La littérature rapporte que 47% à 81% des étudiantes en médecine retardent leur maternité. Les raisons les plus fréquemment invoquées sont un emploi du temps chargé, la crainte de surcharger leurs collègues, le désir de terminer leur formation médicale à temps, des raisons financières et des problèmes de garde d’enfants. «Beaucoup d’entre elles choisissent sans surprise de retarder la maternité, malgré les conséquences potentielles. Je parle de choix, mais je ne suis pas sûre qu’il s’agisse vraiment d’un choix», a souligné la Dre Mitre. «Je suis ici aujourd’hui parce que si ma fille me dit: “Maman, je veux être médecin”, je ne veux pas qu’elle ait à choisir entre une profession qu’elle considère comme sa vocation et sa santé ou celle de ses enfants. Si elle le souhaite, elle doit pouvoir être médecin et mère», a-t-elle ajouté.

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