Capitalisme ou vocation?

Actuellement, sur les ondes de Télé-Québec, on peut visionner une excellente série animée par Claire Lamarche. La série Soins intensifs couvre plusieurs secteurs du milieu de la santé québécois, et cela par l’intermédiaire des acteurs de notre réseau.L’une des émissions nous a présenté un médecin intensiviste de l’hôpital Sacré-Cœur et une autre s’est attardée sur des infirmières de la rue. Une autre encore était centrée sur la vision d’une infirmière praticienne spécialisée en néonatologie. Ces reportages sont vraiment très bien faits. C’est touchant et ça permet de démystifier les différents milieux.Une autre émission de cette série était consacrée à la pratique médicale en milieu privé. L’épisode présentait le Dr Lacroix, un médecin de la région de Québec qui pratique maintenant hors réseau, il est désinscrit de la RAMQ. Comme de plus en plus de ses collègues médecins, il est maintenant un agent libre… Il facture directement les frais à ses clients.Le Dr Lacroix est un homme d'affaires et un excellent vendeur... Ce qui m'a surtout renversé, c'est de voir l'attitude des jeunes étudiants en médecine. Quand le capitalisme fait une très sérieuse compétition à la vocation... Existe-t-elle toujours, d'ailleurs, la vocation ?J’ironise, car je sais qu’elle existe toujours, mais c’est difficile de constater que ce désir toujours grandissant de faire plus de gains occulte de plus en plus le besoin d’aider son prochain. Ce comportement est humain et, bien que je puisse le comprendre, je ne peux me résoudre à l’accepter.Le réseau a ses limites. Je me demande comment on peut faire autrement... Je pense à nos personnes âgées, qui seront de plus en plus nombreuses. Je pense à la manière dont on les traite, particulièrement en établissement. On entend souvent des propos à l’effet qu’elles n’ont pas toujours tous les soins qu’on souhaiterait.Je pense aux personnels constamment au chevet de ces patients. Vous savez que le salaire d'un préposé aux bénéficiaires n’est pas très élevé. Pourtant, leur apport est énorme et leur rôle, essentiel !Je ne dis pas qu’on devrait absolument les payer plus, mais pourrait-on investir afin d’augmenter leur nombre dans le réseau ? Cela permettrait de soulager leur tâche, d’améliorer leur qualité de vie au travail et de mieux soutenir l’infirmière dans la complexité de son rôle. Cette mesure assurerait surtout l’amélioration de la qualité des soins qui sont offerts à nos malades.Fondamentalement, un régime de santé public sert la cause de l’équité dans notre collectivité. Mais j’ai la forte impression que le pouvoir médical fera en sorte que l’argent continuera d’être investi surtout dans ce qui a trait au médecin directement que dans les soins de base…Le fait de privatiser l’offre de services des médecins sert clairement plus les intérêts personnels que collectifs. D’ailleurs, sur ce sujet, dans ce même reportage sur la médecine privée, on pouvait entendre le Dr Alain Vadeboncoeur, l’un des fondateurs du collectif Médecins québécois pour le régime public, qui défendait le réseau public.Je suis reconnaissant au collectif MQRP parce que nous avons besoin que des gens solides prennent position. Se confronter à la fois à l’État et au pouvoir médical n’est pas une chose facile.Dommage par contre qu’ils n’aient pas fait le choix de former un groupe de professionnels de la santé pour le régime public. Ensemble on aurait pu être encore plus forts.Je ne dis pas que les médecins ne méritent pas d’augmentations de salaire. Nous en méritons tous. D’ailleurs, je suis assez certain que les médecins obtiendront des augmentations de salaire beaucoup plus intéressantes que les PAB, les infirmières auxiliaires, les infirmières, les inhalothérapeutes, les ergothérapeutes, les physiothérapeutes, etc.Pas besoin de m'expliquer le rôle et l'importance du rôle du médecin, je le connais... Mais comme il faut séparer la tarte entre l'ensemble des intervenants du réseau et que nos salaires proviennent directement de nos poches via nos impôts, il faut faire les bons choix…

Capitalisme ou vocation?

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STEEVE GAUTHIER