APES: «on comprend mal la réticence de la ministre»

Face à une présidente du Conseil du Trésor dubitative, les représentantes de l’Association des pharmaciens des établissements de santé (APES) – sa présidente Julie Racicot et sa directrice générale Linda Vaillant –, ont fait valoir la nécessité d’amender le PL67 en y ajoutant la spécialité des pharmaciens titulaires d’une maîtrise en pharmacothérapie avancée. Signé par plusieurs associations et fédérations de professionnels de la pharmacie et de la médecine, leur mémoire soutient qu’un titre de spécialiste permettrait d’améliorer l’organisation et l’accès au réseau, particulièrement en première ligne. ProfessionSanté.ca a recueilli les impressions de Julie Racicot au lendemain de l’audition.Dans quel état d’esprit êtes-vous ressortie de cette audition?On sent l’appui des partenaires du réseau, ceux avec qui on travaille au quotidien, concernant l’amendement au projet de loi que l’on demande, c’est-à-dire de créer un titre de pharmacien spécialiste au Québec avec un droit de prescrire autonome pour ceux qui détiennent une maîtrise en pharmacothérapie avancée. Par contre, on comprend mal la réticence de la ministre quant à notre demande. D’autant plus que cela va vraiment dans le sens de ce que prône le gouvernement à travers le Plan Santé, à savoir améliorer le réseau et l’accès. Justement, quels pourraient être les freins à la mise en place d'une telle mesure? C’est difficile de savoir d’où viennent ces résistances, car Sonia LeBel n’a pas précisé son propos, si ce n’est la complexité induite par une modification de la loi. Mais comme l’a mentionné une parlementaire hier, c’est peut-être une petite complexité administrative d’apporter un nouveau changement à la loi, mais le fait d’avoir des pharmaciens spécialistes au quotidien rendra les choses bien moins complexes sur le terrain et permettra d’améliorer la qualité des soins pour les patients grâce à la communication, aux corridors que l’on souhaite établir dans le réseau.Estimez-vous que la maîtrise en pharmacothérapie avancée n’est pas considérée à sa juste valeur?Le travail en lui-même, la valeur et la qualité des soins, notre expertise, tout cela a été reconnu à plusieurs reprises. C’est vraiment le principe du titre de pharmacien spécialiste et son inscription dans la loi qui bloquent. Mais tout n’est pas encore joué, il reste d’autres étapes comme la lecture détaillée du projet de loi. Nous avons reçu hier des questions pertinentes de la part des parlementaires, qui ont montré une certaine ouverture. À lire aussi: Le PL67 est «une œuvre inachevée»Pourriez-vous faire un compromis en passant par un règlement ou un permis spécial afin d’obtenir un pouvoir accru de prescription pour les titulaires de la maîtrise comme l’a évoqué hier Sonia LeBel?Nous ne voulons pas un titre pour faire joli, cela nous conférerait davantage qu’un droit de prescrire autonome pour les patients présentant des conditions instables ou chroniques suivis par des médecins spécialistes. On pourrait avoir des responsabilités additionnelles, notamment devenir des référents pour la première ligne, établir des trajectoires de soin pour que les pharmaciens communautaires puissent demander des consultations aux pharmaciens spécialistes. Le titre de spécialiste en pharmacothérapie avancée permettrait d’identifier ces pharmaciens et de leur donner ces responsabilités additionnelles pour aider à l’organisation et à l’accès aux soins au-delà du droit de prescrire. On se base sur ce qui a été fait pour les infirmières praticiennes spécialisées (IPS), dont le statut est inscrit dans la loi. Passer par la loi permet de mettre la mesure en place de manière rapide et pérenne. Un règlement ne nous donnerait pas de garantie.Quid de la rémunération?Cela a été évoqué lors des questions à l’Ordre des pharmaciens, mais nous n’en sommes pas là pour l’instant. La valeur de l’emploi tiendra aux activités que font les pharmaciens spécialistes. Tout dépend de la responsabilité qu’on nous donnera et des échelles salariales.

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