En lisant la revue HealthAffairs de mai 2015, je suis tombé sur un article de Grudzen et al. rapportant un projet intéressant de réforme des urgences développé au Mount Sinai Medical Center de New York.Pour les auteurs, le vieillissement de la population crée une pression considérable sur les urgences et les soins intensifs de plusieurs hôpitaux à travers les États-Unis, par le simple fait que la moitié des américains de plus de 65 ans visitent les urgences dans le dernier mois de leur vie, et les trois quarts dans les six derniers mois précédant leur mort.Malgré ces chiffres, plusieurs hôpitaux n'ont pas réaligné leur offre de services afin qu'elle reflète les besoins de cette clientèle en croissance.Dans leur texte, Grudzen et al. recommandent de revoir la prise en charge de la clientèle gériatrique et de développer des soins palliatifs appropriés et adaptés aux besoins des patients.Des équipes formées en soins palliatifs sont présentes dans plus des deux tiers des hôpitaux américains. Toutefois, selon les chercheurs, ces équipes ne sont souvent pas disponibles en temps opportun pour les patients en crise aux urgences.Cela étant dit, le modèle introduit par l'équipe du Mount Sinai vise à revoir le fonctionnement des urgences, notamment en redéfinissant les rôles au sein des équipes et en offrant davantage de formation en soins palliatifs. De plus, de nouvelles infirmières praticiennes formées en soins palliatifs ont été ajoutées aux équipes de l'urgence.Les infirmières praticiennes ont été embauchées pour aider à prendre en charge des patients et diminuer le haut risque de réadmission de certains d'entre aux à l'urgence. Dans plusieurs cas, le transfert à des ressources en soins palliatifs est rendu nécessaire en raison de la sévérité et de l'étendue de la maladie.Le projet du Mount Sinai, en quelques mots, impliquait une appréciation du travail de réorganisation des urgences et l'évaluation des résultats compilés.Les chercheurs ont demandé aux infirmières au triage d'identifier les patients de plus de 65 ans étant plus à risque de revisiter ou d'être réadmis aux urgences.En concordance avec le triage, l'équipe des urgences aidée par des infirmières praticiennes a pu prendre en charge la clientèle gériatrique de façon plus efficace et transférer, lorsque nécessaire, les patients aux ressources appropriées.Entre janvier 2011 et mai 2013, le pourcentage d'admission des patients gériatriques des urgences à l'unité des soins intensifs a diminué de 1,4%. Cette diminution des admissions a représenté des économies de plus de 3 millions $ au programme de santé publique Medicare du gouvernement américain.Les données préliminaires des chercheurs tendent à montrer que des consultations rapides en soins palliatifs peuvent améliorer les soins, diminuer la durée de séjour à l'hôpital, diminuer les coûts et même améliorer la durée et la qualité de vie des patients. Néanmoins, d'autres études doivent être faites pour corroborer ces résultats.Le projet d'assurance autonomieL'organisation des soins et la prise en charge des patients passent par une gestion efficace de l'offre de services. Une gestion efficace nécessite bien entendu une vision, du personnel qualifié, des formations appropriées et des ressources adéquates.Cette offre de service ne peut donner les résultats escomptés si les ressources, tant à l'hôpital que dans la communauté, sont insuffisantes, peu développées et sous financées.Le projet d'assurance autonomie de l'ancien ministre de la santé Réjean Hébert allait dans cette direction, c'est à dire qu'il visait le développement des ressources dans la communauté pour prendre en charge des patients en dehors des établissements de santé.L'assurance autonomie avait pour objet d’accorder aux résidents du Québec qui y sont admissibles une allocation de soutien à l’autonomie afin qu’ils puissent bénéficier, quel que soit leur milieu de vie, de services favorisant leur autonomie.Le projet de loi déposé par l'ancien ministre de la Santé prévoyait une somme de 500 millions $ sur cinq ans pour l'élaboration de l'assurance autonomie.Il visait toutes les personnes âgées en perte d'autonomie, mais aussi les personnes qui présentaient des incapacités en raison d'une maladie chronique, d'une déficience physique ou intellectuelle ou d'un trouble envahissant du développement, et aurait bien pu servir aux ressources en soins palliatifs.Des instances locales auraient eu la responsabilité d’élaborer, avec le patient ou son représentant, un plan de services prévoyant notamment l’attribution et l’affectation qui seraient faites de l’allocation de soutien à l’autonomie.On ne peut que déplorer le manque de vision et l'improvisation de son successeur à la Santé, Gaétan Barrette, qui a balayé du revers de la main ce projet.On peut espérer, pour le bien-être des patients, des idées innovantes, progressives et modernes pour faire face aux nombreux défis à la santé qui nous confrontent.